Une fois de plus Simone Bertière m'a transportée. Outre ses talents de
biographe, notre historienne manie la langue française comme peu
d'écrivains. Syntaxe parfaite, vocabulaire riche, bons mots, humour,
notre historienne sert l'histoire de France en l'épurant de ses
complexités. En bref, son amour de la langue nous réconcilie avec les
ouvrages historiques souffrant si souvent de lourdeurs et anecdotes
poussiéreuses. Les pages s'enchaînent et me voici propulsée au temps des
Bourbons. Je suis Henri IV, Marie de Médicis, Louis XIII, Richelieu,
Gaston d'Orléans, Anne d'Autriche, Mazarin ou bien encore le très jeune
Louis XIV ! Souvent Marie de Médicis m'ulcère par son amour maternel
inexistant, son esprit calculateur, sa soif de pouvoir, son côté
parvenu, et alors je comprends Louis XIII, sa méfiance, son manque
d'égards pour le "sexe faible", notamment pour Anne d'Autriche. Puis je
souffre de la disgrâce de Marie, celle que les Pays Bas, l'Italie ou
encore l'Angleterre se rejettent, celle qui n'a pas lâché prise
suffisamment tôt, qui n'a pas compris qu'une fois le roi majeur et apte à
gouverner, la Reine mère doit se retirer. Peut-être que son sacre l'a
induite en erreur, Anne d'Autriche n'aura pas cette déconvenue, de sacre
elle n'en aura pas.
Enfin je suis charmée par Anne d'Autriche, sa candeur, sa loyauté,
l'amour qu'elle porte à son Roi. Elle se retirera de la régence avec
élégance, et même si Louis XIV l'évincera de toute charge politique
jamais elle ne lui fera l'affront de le désavouer en public.
En bref, Simone Bertière nous dresse le portrait de deux femmes
emblématiques d'une intelligence notoire. Leur point commun : toutes
deux furent régentes, toutes deux durent jouer avec un ministre
intelligent et castrateur : Richelieu pour Marie de Médicis et Mazarin
pour Anne d'Autriche, toutes deux durent au cours de leur règne
affronter une crise majeure : journée de dupes pour une (Marie de
Médicis sera désavouée par Louis XIII qui lui préfèrera son Ministre),
et la Fronde pour Anne d'Autriche. D'ailleurs, la décision de Louis XIV
de gouverner seul sans prendre de Ministre et d'évincer la reine
Marie-Thérèse de toute décision politique n'est-il pas la réponse qu'il
apporte aux écueils du passé ?
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