mercredi 16 mars 2011

Odeurs de thym et de romarin !

C'est en furetant du côté des polars historiques à la FNAC que j'ai découvert Jean Contrucci et quelle découverte !
Le mistral, portant les odeurs de thym et de romarin si chères à mon enfance, m'a transportée tout au long de ce polar truffé d'un patois chantant, nostalgie quand tu nous tiens. Pour cause d'exil professionnel, le sud souvent me manque, grâce à monsieur Contrucci j'ai pu le temps d'un polar passer quelques jours chez moi.
Outre la forme, Contrucci nous offre aussi le fond, et notamment deux personnages tout à fait attachants que sont Raoul Signoret, reporter au Petit Provençal et son oncle Eugène Baruteau, chef de la sûreté à Marseille.
Mais revenons à l'intrigue. Marseille, avril 1907, le corps d'un homme est découvert. Le cadavre a été atrocement mutilé, et ce à tel point que nos deux enquêteurs sentent planer l'ombre de Jack l'éventreur. Mais notre meurtrier ne s'arrête pas là puisque par la suite ce sont d'autres corps qui seront découverts, il s'agit de prostituées !!
Sur fond de jeux de piste, et de joutes verbales, nos enquêteurs avancent dans les sous-sols d'une cité marseillaise héritière de vestiges grecs.
Une enquête rondement menée servie par des dialogues bruts souvent, soutenus parfois, tout ceci sur fond de mythologie grecque. Un pur moment de détente.

lundi 14 mars 2011

Mon premier Jury Seuil Policier !

Cette lecture fait partie de la sélection du Jury Seuil Policier 2011.
Le paradis (ou presque), je rebaptiserais ce bouquin le paradis (ou pas !).
Dès la couverture, on comprend qu'il s'agit d'un "polar" atypique : une mésaventure de Hank Thompson.
Hank Thompson, le personnage principal, s'est réfugié au Mexique après avoir empoché la coquette somme de 40 millions de dollars, somme dérobée à la mafia russe de New-York (sinon c'est pas drôle...).Mais voilà que le passé de notre anti-héros le rattrape près des plages mexicaines pour le mener à Las Vegas, la ville qui ne dort jamais.
Lorsque j'ai reçu le bouquin, j'ai eu quelques interrogations. En effet, je n'avais pas lu le premier volet. Mais, HUSTON use de rétrospectives efficaces, j'ai pu sans aucun problème reconstruire peu à peu le passé de "notre héros".
Le paradis (ou presque) c'est un polar en deux temps. D'abord, le Mexique et sa chaleur, de laquelle découle une certaine torpeur qui transpire dans les dialogues. A noter toutefois pour ce début de roman quelques longueurs. Ensuite, le retour de notre personnage aux Etats-Unis, ici les dialogues sont percutants, sans fioritures ni tournures de styles... Tout, les pensées, les personnages, les décors évoluent au rythme saccadé d'une prise de speed suivie d'un comprimé de "percocet". Souvent, j'ai voulu, comme Hank, dormir pour me régénérer, oublier tous ces crimes.
Un tueur en série, un anti-héros, un homme dangereux, mais qui est donc Hank Thompson ? Ce qui est certain c'est que notre personnage joue, tout au long de ce polar, de malchance, tombant à tous les coups sur des brigands de petite échelle mais que la cupidité rend sans pitié. Hank doit tuer pour protéger sa famille. Il voudrait seulement vivre paisiblement, mais son passé est toujours là qui le guette et l'oblige à commettre l'irréparable. Mais tous les cadavres gravitant autour de lui, sont-ils morts de ses mains ?
Un polar brut de décoffrage, qui malgré un début peu rythmé, m'a coupé le souffle !

La longue peine, c'est lorsque je n'ai plus rien à lire de vous.

Qu'il s'agisse d'un gagne pain, ou d'un châtiment, la prison demeure pour les matons comme pour les détenus un enfermement souvent mal vécu.
A travers ce court roman, J TEULE aborde le sujet épineux des détentions, et de l'administration pénitentiaire sur fond d'humour un peu noir, parfois, mais drôle à tous les coups !
Longues peines c'est le témoignage du sort réservé aux pédophiles appelés les "pointeurs", c'est aussi quelques histoires relatant l'endogamie ambiante comme ces détenus hommes et femmes qui malgré des bâtiments séparés parviennent à s'éprendre les uns des autres alors qu'ils ne se sont jamais vus, c'est encore la reconnaissance de leurs pairs à travers leurs crimes, c'est enfin l'histoire d'un microcosme que nul ne peut appréhender sans l'avoir éprouvé.
Ces bribes d'histoires vraies s'enchaînent avec fluidité, avec pour fil conducteur l'histoire du directeur de prison. Une histoire drôle et émouvante à la fois. Une histoire que seul J TEULE pouvait inventer !
J'ai puisé cet ouvrage dans ma bibliothèque avec crainte, la crainte que TEULE, sous couvert d'humour, pratique un angélisme primaire. C'est donc avec soulagement que je le repose sur ma table de chevet. Car une chose est sûre dans Longues peines, c'est tout le monde qui en prend pour son grade !

mardi 8 mars 2011

On a tous un voisin...

J'ai adoré effeuiller, déguster, dévorer ce bouquin !
Je ne connaissais pas l'oeuvre de Tatiana de Rosnay, je dois dire qu'avec Le voisin, elle m'a conquise.
Colombe, mariée mère de deux enfants, mère au foyer et nègre à temps partiel dans une maison d'édition trouve un petit bijou d'appartement en location, un magnifique quatre pièces...
La première nuit dans l'appartement va se solder pour notre héroine par une nuit blanche. Comme celles qui vont suivre. Mais quel est donc ce bruit qui, chaque nuit, la sort de son sommeil. Un sommeil mis en péril et dont le manque déteint sur sa création. Elle est incapable d'écrire une ligne, tout est flou, tout tangue, en bref elle voudrait seulement dormir. Qu'à cela ne tienne, son mari, Stéphane, rentre cette semaine, il va régler le problème... Mais voilà, quand Stéphane est là, le bruit cesse... Colombe est-elle folle ?
Le Voisin, c'est un roman pour plusieurs sujets. D'abord, le thème principal du bouquin, l'intrigue. Une intrigue rondement menée du début jusqu'à la fin, servie par des dialogue secs, percutants, des phrases courtes qui déferlent sur le papier, un rythme haletant. En bref, tous les ingrédients d'un bon thriller.
C'est ensuite, le roman du féminisme. Une femme épaulée d'un mari absent, un travail à mi-temps que personne ne prend vraiment au sérieux. Celui qui reste au foyer pour faire tourner machine à linge, repasser, ou encore s'occuper des enfants a perdu le droit à toute considération. Celui qui gagne c'est celui qui ramène notre pain quotidien... Tatiana nous offre quelques réflexions intérieures d'une femme que douze ans de mariage et deux enfants plongent dans la plus grande interrogation.
Enfin, Le Voisin, c'est la lumière portée sur les "nègres", les écrivains de l'ombre qui, au risque d'un dédoublement de personnalité, écrivent la vie des autres, oui ces autres qui ont du charisme mais aucun talent ! Quelle douleur, pour Tatiana, de se faire dérober le fruit de son travail sur l'autel des apparences...
En bref, j'ai adoré ce roman, et si vous aussi vous avez un voisin bruyant et que votre timidité vous a, bien souvent, causé problème, lisez-le !!

jeudi 3 mars 2011

Affres de la vieillesse

J'ai découvert Christophe Donner en 2005 avec son bouquin corrosif Bang Bang, et c'est avec Un roi sans lendemain que notre relation s'est poursuivie.
Comme un vieil amant se manifestant à nouveau, je retrouve C Donner avec ce roman (autobiographique ?)...
Autant dire que j'ai dévoré cette tranche de vie. Que l'on me pardonne, j'ai adoré m'immiscer dans cette intimité !
Mais revenons à l'histoire ! Elias Chamoun, libanais, à cent-quatre ans, et s'évertue à ne pas vouloir mourir, il veut vivre encore un peu... Sa femme, Farah, quatre-vint-cinq ans, épouse d'un second mariage ne rêve que d'une chose, que son mari parte enfin ! Pour ses fautes du passé, sa sénilité du présent, cette épouse, mais elle n'est pas la seule, désespère de voir ce vieillard s'accrocher à la vie comme une sangsue. D'ailleurs, l'instant le plus intense demeure celui du repas, lorsque Elias s'étouffe, toute la famille est suspendue à sa trachée. Mais au fait Elias feint-il ?
C Donner nous livre un roman brut sans fioriture mais crée en nous un profond malaise. Serions-nous des égoïstes paralysés par notre triste sort. La vieillesse couronnée de sénilité nous pousse-t-elle à désirer la mort de nos proches ? Mais surtout, les vieillards, amusés, ne feignent-ils pas leur état afin qu'une dernière fois se joue devant eux la lâcheté humaine ?
Un roman qui soulève bien des questions, et nous rappelle parfois des souvenirs assez sombres.

Passé trouble sur fond d'enfance dorée.

Lourd passé que celui d'Alexandre JARDIN.
Après Le Roman des Jardin, ouvrage sur les moeurs quelques peu farfelues et dissolues de ses ascendants, Alexandre JARDIN crève l'abcès en publiant Des gens très bien... Et là c'est une toute autre histoire, celle d'une famille gouvernée par l'omerta, dont le seul mot d'ordre est la cécité. L'histoire c'est celle de Jean, grand-père d'Alexandre connu sous le pseudonyme du Nain Jaune. Jean fut le proche collaborateur de Laval sous le régime vichyste.
Le pilier central de ce "roman" demeure la rafle de juillet 1942 où 4000 enfants furent sauvagement assassinés, leur tort étant tout simplement celui d'être juifs!
Alors que la France a dû attendre le dernier quart du 20ième s pour enfin admettre son rôle à part entière dans la déportation des juifs, A Jardin a dû composer avec son passé, celui de petit-fils du Nain Jaune.
Cette ouvrage est poignant, il montre le malaise de notre auteur qui malgré, sa confession demeure profondément heurté par ce passé si sombre. A travers les pages, nous découvrons que bien souvent Alexandre s'est retrouvé, contre son gré, en compagnie de ceux qui furent les alliés de ce plan d'extermination ou encore ceux qui sont comme lui les descendants de ces criminels. Un passé qu'Alexandre subit, et ce à tel point que lorsqu'il retranscrit les propos d'une ex femme de SS, il ne peut s'empêcher de crier son indignation, comme si le vieil adage "qui ne dit mot consent" pourrait lui être attribué, comme si il devait justifier qu'il n'est pas de ces antisémites qui semèrent la terreur dans la France Vichyste et bien au-delà.
Enfin, ce roman légitime le choix littéraire de notre romancier. A un passé trop sombre, trop lourd, il a substitué un mode littéraire. Celui de romans légers voir parfois à l'eau-de-rose.
Une chose est sûre, plus jamais je ne lirai monsieur Jardin de la même manière.