lundi 12 décembre 2011

Thriller sur fond de Maoïsme.

En posant ce bouquin me vient l'envie de crier : "Quelle aventure !". Le Chinois débute comme tout thriller qui se respecte. En premier lieu, une mare de sang. Et bien oui notre auteur ne fait pas avec le dos de la cuillère puisque c'est bien dix-neuf meurtres qui seront perpétrés dans la même nuit et surtout dans le même village. En régime thriller, qui dit meurtre, dit un minimum d'hémoglobine et encore mieux d'atrocité, alors merci aux corps lacérés de coups de couteau et à cette jambe orpheline de son propriétaire. En second lieu, le thriller c'est aussi et surtout le détail qui tue, et là notre auteur opère un coup de maître, il crée un lien irréversible, sanguin et incontestable entre nos dix-neuf victimes. Enfin un thriller de ce nom n'est pas viable sans l'existence d'une héroïne forte, obstinée, et bien évidemment torturée, et là Mankell nous sert sur un plateau une juge haute en couleurs, Birgitta Roslin. le décor est planté, asseyez vous confortablement dans votre fauteuil, le thriller et son cortège de sueurs froides peut commencer.
Et bien non ! Avec Le Chinois, Mankell nous offre un virage à cent-quatre-vingts voire trois-cent-soixante degrés ! Ici, notre auteur s'offre un pamphlet contre la Chine. C'est Empire du Milieu au sein duquel siège trois types d'individus : les utopistes, ceux qui croient au développement harmonieux et aux richesses justement réparties, les opportunistes, ceux qui surfent sur la vague de l'économie de marché et surtout sur le tsunami de la corruption qui gangrène le pays, et enfin les autres, ces pauvres victimes d'un pays versatile et surtout schizophrène oscillant sans cesse entre communisme et capitalisme sauvage.
Le Chinois c'est non seulement un thriller mais aussi une histoire poignante de la Chine moderne, celle de la peine de mort, de ces dirigeants corrompus, de la pudeur de son peuple, de la pauvreté galopante. Mais le polar de Mankell c'est aussi un retour sur l'"oeuvre de deux personnages centraux pour l'empire du Milieu : Mao et Deng.
A ceux qui croient que seule la Chine en prend pour son grade, ils se trompent. D'ailleurs c'est parce qu'elle possède une histoire que les schémas qu'elle envisage aujourd'hui peuvent nous paraître bien clair.
Je dirai donc ceci : amateurs des thrillers sur fond de sueurs froides à répétition, d'hémoglobine, de courses haletantes et effrénées, de rebondissements fiévreux, passez donc votre chemin. Par contre pour ceux qui affectionnent particulièrement le thriller politique, qui, sous couvert d'une intrigue policière aiment à se plonger dans l'histoire chaotique d'un pays, alors courez lire ce polar !
Ce qui est sûr c'est qu'après la lecture du Chinois, une envie subite m'est venue d'en savoir plus sur la Chine.
Je remercie les éditions SEUIL POLICIER ainsi que BABELIO de m'avoir permis de découvrir ce bouquin.

Les apparences sont parfois trompeuses ...

"Sceptique", voilà le terme qui reflète mon sentiment à la lecture des premières pages de ce polar. Adepte des thrillers je suis, mais les courses poursuites effrénées sur fond d'hémoglobine et de sueur ne sont pas ma tasse de thé.
"Surprise", je l'ai été, au tournant de ce thriller haletant. "Conquise", voilà ma position lorsque je ferme ce bouquin.
Adepte des thrillers psychologiques, je dois dire que de psychologie, Instinct de survie n'en manque pas. L'auteur a bien caché son jeu, les débuts de ce récit ne laissaient présager en aucune façon la suite : des rebondissements, des personnages psychologiquement complexes voire complètement dérangés.
Merci à Babelio et aux éditions les deux terres pour cette découverte

samedi 29 octobre 2011

Le besoin de protection des enfants face à la passion des adultes...

Souvent à travers les pages de ce livre j'ai éprouvé une sensation bizarre, qui touche l'esprit mais aussi le corps : "J'ai eu froid". C'est bien normal me direz vous notre auteur est norvégien, la trame de notre histoire elle-même a élu domicile dans ce pays nordique. Outre ces éléments géographiques, les personnages n'ont pu pallier àce phénomène, ils semblent tous dénués de ce qu'on appelle communément la chaleur humaine.
Notre héroïne, Liss Bjerke, mannequin anorexique toxicomane fuit amsterdam après avoir tué accidentellement Zako, son "petit ami". Elle décide de se rendre en Norvège afin d'y retrouver sa soeur Mailin. Voilà que cette dernière a disparu. Notre héroïne décide donc de mener l'enquête. Nous découvrons alors l'univers de Liss, à travers notamment des relations familiales complexes semblant mettre le voile sur une enfance chaotique. Liss est secrète, la seule personne disposant des clefs de son passé est sa soeur. D'ailleurs Mailin, jeune psychologue, menait une étude sur la pédophilie ou plus communément la passion des adultes en réponse au besoin de protection des enfants, outre des entretiens avec huit patients elle avait un cadre théorique adéquat, à tavers les écrits du psychanaliste ferenzci, disciple de sigmund Freud.
A travers ce thriller, Torkil Damhaug nous livre une intrigue haletante qui souvent nous tord le ventre peut-être est-ce dû au sujet : les agressions sexuelles sur les enfants. Souvent, l'adulte parce qu'il doit vivre malgré les maux de son enfance a cet exutoire de travestir la vérité. Mais gare aux résurrections, les souvenirs longtemps enfouis sont de véritables bombes à retardement.
En bref, un thriller traitant d'un sujet délicat, mais qui nous fait grâce, et on l'en remercie des détails scabreux, afin de se consacrer pleinement au profil psychologique de nos écorchés vifs.
Je ne connaissais pas Torkil Damhaug, la lecture de ce thriller scelle tous les éléments d'une heureuse rencontre.
Je remercie les éditions SEUIL POLICIERS ainsi que BABELIO pour cette découverte.

Histoire d'angles sans paroles

Cette BD m'aura donné du fil à retordre. Maintes fois j'ai tenté de m'y plonger, mais ces moments ne possédaient jamais le calme et la concentration essentiels pour appréhender un genre aussi spécial.
J'ai réellement été époustouflée par ce concept. L'auteur s'est lancé un pari énorme, celui de dérouler une intrigue policière en noir et blanc et sans bulle s'il vous plaît. Impossible me direz vous, lisez donc cette BD et vous en reviendrez.
Grande adepte des polars et thrillers en tout genre, ce ne fut pas facile de récolter les indices laissés par notre auteur. D'autant plus que les angles de vues se multiplient les uns, les autres en passant du plan micro au plan macro. A tel point que ma vision au tout début de la BD était totalement erronée. C'est comme si j'avais été durant tout ce temps sous l'emprise d'un prisme étroit et parfois difficilement malléable, celui du regard de nos personnage ou encore d'un simple reflet sur un objet. Marc-Antoine Mathieu nous livre un jeu de perspective basé sur une série de projections de type symétrie, ça peut vous paraître fou, mais jamais une perspective ne manque, jamais un vide ne se crée. D'autant plus que le lecteur est sans cesse à l'affut du moindre indice. Dans une société où on parle souvent trop, où les perceptions sont viciées par nos dialogues, où l'observation de ce qui nous entoure semble être une perte de temps, la lecture de cette BD m'a décidée à prendre une nouvelle résolution : celle d'être désormais plus attentive.
Bonne vision !!!

dimanche 19 juin 2011

A qui le tour ?

Et bien, monsieur Cooper, chapeau bas pour votre premier roman.
Mai 2009, New York, une série de morts inexplicables sème le trouble dans la ville. Un élément lie ces évènements tragiques, chaque victime a reçu avant son décès, une carte postale mentionnant la date de sa mort. Une affaire que le FBI se doit de résoudre.
L'élu pour résoudre l'énigme se nomme Will Piper, profiler au FBI, ayant jadis connu ses heures de gloire, mais qui, aujourd'hui demeure victime des écueils que constituent son franc parlé, son penchant pour la gente féminine, et celui pour l'alcool.
Cooper nous offre un thriller mêlant à la fois la fougue d'un enquêteur présentant tous les traits du mauvais garçon à l'hygiène de vie hasardeuse, et une partie plus ésotérique.
En bref lisez-le !

samedi 18 juin 2011

Qui dit que la France n'a jamais été fière de son passé colonial ?

1906, Marseille, un cadavre de dix ans d'âge est retrouvé dans le parc du domaine d'un riche négociant, Honoré Castellain. Ce dernier, soupçonné dès le départ de l'enquête est immédiatement relâché, au grand dam de notre chef de la sûreté Marseillaise, Eugène Baruteau. le poisson était-il de trop grosse taille?
Peu importe l'aura de notre négociant, Raoul Signoret, neveu de Baruteau, et journaliste au Petit Provençal, fait montre d'un grand intérêt pour cette affaire, un intérêt qui va s'accentuer lorsqu'il sera approché par Edouard Castellain, ami d'enfance, et pour couronner le tout, fils dudit négociant. Selon Edouard, son père est un être ignoble qui a tué sa propre soeur afin de faire main basse sur l'héritage des Castellain. L'intérêt de notre journaliste est aiguisé à souhait. Maintenant la machine est en route.
Le spectre de la rue Saint Jacques nous offre une intrigue parfaitement calibrée et rythmée. L'ensemble sur fond d'une France du début du 20ième s, fière de son présent colonial, comme le démontre l'exposition coloniale ayant lieu à Marseille en 1906. Une exposition que Raoul a pour ordre de couvrir mais à laquelle il s'oppose farouchement au nom de la dignité humaine. A travers les pages de ce polar il est passionnant de noter à quel point un thème comme le colonialisme peut passer de la "normalité" à l'intolérable en l'espace d'un siècle.
Une intrigue ponctuée de séances de spiritisme, en plein essor vers la fin 19ième et début 20ième, comme le montre les oeuvres de Conan Doyle qui ne font qu'affirmer le penchant de Sir Arthur pour ces pratiques.
En bref, une intrigue qui vous tient en haleine jusqu'au bout, le tout sur fond d'héritage colonial et de spiritisme. Amateurs des atmosphères fortes, ne pas s'abstenir.

dimanche 22 mai 2011

L'avocat mène l'enquête.

Cette lecture fait partie de la sélection Jury Seuil Policier.
Guido Guerrieri, avocat, est chargé d'enquêter sur la disparition d'une jeune fille, Manuela. Etudiante à l' Université, elle n'a pas donné signe de vie depuis six mois. Ces parents, alors que le Procureur a décidé de classer l'affaire, vont se rapprocher de Guerrieri afin que celui-ci tente de lever le mystère sur cette disparition.
Dès le départ, notre enquêteur jettera son dévolu sur l'ancien conjoint de Manuela, mais cette piste sera un échec. C'est alors que l'intrigue s'épaissit.
Le silence pour preuve est un polar dont le genre m'est tout à fait étranger. Outre l'enquête, l'auteur octroie une place considérable aux pensées et agissements de notre avocat. Les pensées, puisqu'à travers une odeur, une scène, un bruit, voici Guerrieri parti dans les tunnels de son passé. Les quatre cents coups de sa jeunesse, ses études, ses compagnons de faculté, ses amours...Les agissements, par la suite, d'abord, notre héros n'est pas enquêteur, mais avocat, d'ailleurs il a quelques affaires sur le feu, rien de transcendant certes, mais la transaction pénale qu'il obtient pour ses clients nécessite tout de même du professionnalisme. Ensuite, notre protagoniste a un pêché mignon : les sorties nocturnes, en solitaire, sur sa bicyclette, s'achevant bien souvent dans un bar gay...
Malgré, une construction de l'intrigue qui me semble quelque peu farfelue. Il n'en reste pas moins que le dénouement m'a surprise. de plus, ce polar nous offre quelques situations ou réflexions désopilantes servies par un texte fluide et bien construit.
Merci à Babelio et aux Editions Seuil Policiers pour la sélection.

jeudi 19 mai 2011

Voyage à Gênes.

Tout d'abord merci aux éditions du Masque et à masse-critique pour la sélection, ce roman mi polar-mi SF est un véritable petit bijou.
La construction du récit est stimulante. Les auteurs alternent, à travers les chapitres, deux époques. D'abord, le 16 ième s, à travers le récit du Voyage à Gênes, relatant les péripéties de Joshua Adam Lenostre, chirurgien décédé en 2007 et qui, selon ses dires, et par on ne sait quel artifice, se serait retrouvé projeté cinq siècles plus tôt dans la France du Moyen Age. Ensuite, le 21 ième s, plus précisément en 2018, date à laquelle le fils de Joshua, Samuel Lenostre reçoit à son vingt-troisième anniversaire, une lettre de son père défunt. Lettre dans laquelle ce dernier lui demande de se rapprocher d'un cabinet de notaire afin qu'il entre en possession de l'opuscule "Voyage à Gênes". L'intrigue est simple, Samuel Lenostre découvrira les circonstances de la mort de son père, une mort arrivée à l'aube d'une découverte majeure : un remède contre LE CANCER sur fond de combinaison ADN.
Un récit prenant du début jusqu'à la fin. D'ailleurs, une révélation à la dernière ligne de ce roman vous coupera très certainement le souffle.
J'ai aimé me glisser dans la peau de Joshua, vivre à ses côtés au 16ième s, partager sa peur face à la peste noire. Mais surtout, ce sont les rencontres de notre protagoniste qui m'ont particulièrement charmée. C'est d'abord celle de Léonard de Vinci, au cours d'un voyage en Italie, d'ailleurs Joshua ayant cinq siècles d'histoire en stock, prédira à l'illustre personnage sa venue en France aux côtés de François Ier. C'est aussi la rencontre d'Ambroise Paré, qui deviendra par la suite Chirurgien du roi. C'est encore celle de François Rabelais. Mais vous en dire plus serait un crime... Outre les remèdes découverts, les inventions de ce siècle surprenant, les personnages illustres, les auteurs n'omettent pas de nous faire partager les difficultés des médecins à cette époque. Toute guérison relève de Dieu, tout miracle relève de Dieu, mais attention au malin qui agit contre la volonté du tout puissant. Bien souvent, Joshua se heurtera à cet écueil, bien souvent, il devra ruser pour ne pas finir au bucher.Son passage au 16ième aura des conséquences dans les siècles futurs, notamment pour une guérison de Louis XIV.
Mais Double Hélice c'est aussi 2018, et l'enquête menée par Samuel Lenostre. Qu'est il donc arrivé à son père ? Que sont devenus ces travaux ? Comment redonner naissance à sa découverte ? Autant de questions que notre héros tentera de résoudre, épaulé par sa soeur Julie mais aussi par Hugo Gottlieb, un policier.
Même si ma préférence penche pour le récit du Voyage de Gênes, il n'en demeure pas moins que Double Hélice nous offre une intrigue rondement menée. Que demander de plus qu'un ouvrage mêlant histoire, science et meurtre.

jeudi 21 avril 2011

Jury seuil 2011.

Cette lecture fait partie de la sélection Jury Seuil 2011.
Je ne connaissais pas Jonathan KELLERMAN, c'est avec un sentiment très agréable que je repose ce bouquin.
Jeux de Vilain c'est d'abord trois acteurs, trois piliers de la trame qui mènent l'enquête : Milo, tout fraichement nommé lieutenant en charge des enquêtes spéciales, l'inspecteur Moe Reed, et le docteur Alex Delaware, psychologue.
Alors qu'un ado, condamné à exercer du Travail d'intérêt général dans une association, les enfants du marais, reçoit un coup de téléphone l'informant de la présence d'un corps à proximité du Marais, Bob Hernandez, un paumé, remporte lors d'enchères une boîte en bois précieux contenant des os, deux évènements sans rapport me direz-vous...
Par la suite c'est dans ledit marais que les découvertes macabres se feront. Il s'agit d'un cadavre identifiable et de trois squelettes. Mais quel lien existe-t-il entre ces victimes. Pourquoi leur manque-t-il la main gauche ? Et surtout que signifie l'orientation des corps ?
Nos trois personnages mènent l'enquête et ne laissent rien au hasard.
Jeux de vilains c'est d'abord l'immersion dans l'Amérique de tous les excès qu'il s'agisse de drogue, d'alcool ou encore de prostitution, où l'on côtoie ces être anéantis, victimes de leur vice. Mais c'est aussi le contact avec ceux dont le vice semble être si souvent vertu : les riches et leur pouvoir.
Kellerman fait tanguer l'enquête entre les faits matériels découverts par nos lieutenant et inspecteur, et les déductions psychologiques du docteur Delawave.
Un polar tinté d'humour parfois très noir, dans lequel le ou les bourreaux peuvent nous attendrir autant que les victimes.
En bref, un bon rythme au service d'une enquête étoffée, que demander de plus.

Les affres de l'addiction.

Après Le Vampire de la rue des Pistoles, c'est avec Le secret du docteur Danglars que j'ai fait plus ample connaissance avec monsieur Contrucci.
Alors que le premier polar traitait de mythologie en général et de l'héritage grec de la cité phocéenne en particulier, cette nouvelle aventure aborde deux sujets sans véritables liens entre eux : le marché de l'opium et l'anarchisme.
Le secret du docteur Danglars c'est un polar qui débute par l'exécution d'un anarchiste, d'ailleurs c'est bien à contre coeur que notre célèbre journaliste, Raoul Signoret, se rend " au spectacle" afin de couvrir l'évènement. C'est encore, le procès du docteur Hyppolite Danglars accusé d'avoir pratiqué un avortement clandestin sur une bonne, avortement ayant d'ailleurs coûté la vie à cette dernière. Mais, me direz-vous quel peut être le rapport entre ces deux évènements ?
Contrucci nous offre une énigme sur fond d'opium mais sans nébulosité. Une fois de plus il nous sert des dialogues drôles et percutants, des joutes verbales croustillantes. le tout, sur fond de patois, de cigales, d'odeur de thym et de romarin, de mets provençaux.... Ah je cours acheter une autre de ces merveilles !

Le règne couleur sang.

Voici l'histoire d'un roi délaissé par sa mère, raillé par son frère, qui, trop faible pour s'imposer, participa malgré lui à un des massacres les plus sanglants de notre histoire : la Saint Barthélémy.
Un pan de notre histoire non reluisant, certes, mais, qui, conté par monsieur Teulé revêt des atours souvent de tragédie parfois de comédie. Et c'est là tout le talent de notre auteur, servir la mémoire de notre histoire mais sans dialogues ni anecdotes parfumés. Teulé, dans tout son oeuvre, met un point d'honneur à ne pas occulter la bêtise, la félonie, le manque de pudeur, l'appât du gain, et surtout l'absence de discernement de personnages que les historiens ont sanctifiés voire embaumés dans leurs ouvrages. Charles IX ne fera pas exception à la règle que s'est fixé notre auteur. Ce roi commanditera le massacre de milliers d'huguenots, il épargnera toutefois trois personnes : sa maîtresse, sa nourrice, et Ambroise Paré, son chirurgien. Les autres devront mourir, le roi ne veut pas dans son royaume pouvoir croiser le regard d'un huguenot rescapé et revanchard. La chute vertigineuse de notre roi dans la folie débutera au lendemain de ce massacre. Il n'aura de cesse, par la suite, d'éluder les prises de décisions majeures. Il mourra, désavoué par son peuple, un peuple miné par la faillite de l'Etat. le Roi est mort, Vive le Roi, Vive Henri IV

L'histoire des murs.

Après le Voisin, j'ai décidé de pousser plus avant ma rencontre avec Tatiana de Rosnay. C'est donc avec La mémoire des murs que je retrouve cet auteur.
Ce roman peut être résumé ainsi : jeune femme divorcée, émotionnellement déséquilibrée, trouve appartement avec lourd passif.
Pascaline, notre héroïne, une informaticienne de 40 ans, fraichement divorcée, trouve un petit appartement rue Dambre. Un évènement heureux rapidement gâché par un sentiment de malaise qui la transporte, et ce, chaque fois qu'elle pénètre dans cet appartement. Un sentiment à son comble lorsqu'elle se trouve dans la chambre. Plus tard, elle apprendra que cet appartement a été témoin d'un crime atroce, le viol d'une jeune fille accompagné de son lot de tortures et de violences, un viol commis par un tueur en série. A l'annonce de cette terrible nouvelle, notre héroïne décide de quitter l'appartement puis, par la suite, tourmentée par "la mémoire des murs", elle va décider de se rendre sur tous les lieux de crime de notre assassin. Mais que cherche-t-elle ? Peu à peu, cette quête aura un impact négatif sur son activité professionnelle mais aussi sur sa santé mentale. Quel lien trouvera-t-elle entre ces meurtres et les évènements qu'elle a vécus avec son ex mari ?
Un roman haletant, entaché toutefois de réflexions sur les sentiments qui m'ont parfois semblé trop pesantes.

Un plaisir solitaire.

La lecture a t-elle un pouvoir subversif ? Alan Bennett soulève la problématique et à travers ce court roman nous offre une démonstration sans équivoque.
La lecture est un plaisir solitaire, dont l'issue se heurte souvent à une absence de partage. La lecture est envahissante, face à elle nos obligations personnelles, familiales deviennent pesantes. En bref, la lecture est une addiction, à nous l'opportunité d'incarner d'autres personnages, à nous le voyeurisme sur ces tranches de vie, à nous un instant le pouvoir de se délester des contingences matérielles d'une vie, parfois trop ordinaire.
Merci à monsieur Bennett pour cet hommage.

mercredi 16 mars 2011

Odeurs de thym et de romarin !

C'est en furetant du côté des polars historiques à la FNAC que j'ai découvert Jean Contrucci et quelle découverte !
Le mistral, portant les odeurs de thym et de romarin si chères à mon enfance, m'a transportée tout au long de ce polar truffé d'un patois chantant, nostalgie quand tu nous tiens. Pour cause d'exil professionnel, le sud souvent me manque, grâce à monsieur Contrucci j'ai pu le temps d'un polar passer quelques jours chez moi.
Outre la forme, Contrucci nous offre aussi le fond, et notamment deux personnages tout à fait attachants que sont Raoul Signoret, reporter au Petit Provençal et son oncle Eugène Baruteau, chef de la sûreté à Marseille.
Mais revenons à l'intrigue. Marseille, avril 1907, le corps d'un homme est découvert. Le cadavre a été atrocement mutilé, et ce à tel point que nos deux enquêteurs sentent planer l'ombre de Jack l'éventreur. Mais notre meurtrier ne s'arrête pas là puisque par la suite ce sont d'autres corps qui seront découverts, il s'agit de prostituées !!
Sur fond de jeux de piste, et de joutes verbales, nos enquêteurs avancent dans les sous-sols d'une cité marseillaise héritière de vestiges grecs.
Une enquête rondement menée servie par des dialogues bruts souvent, soutenus parfois, tout ceci sur fond de mythologie grecque. Un pur moment de détente.

lundi 14 mars 2011

Mon premier Jury Seuil Policier !

Cette lecture fait partie de la sélection du Jury Seuil Policier 2011.
Le paradis (ou presque), je rebaptiserais ce bouquin le paradis (ou pas !).
Dès la couverture, on comprend qu'il s'agit d'un "polar" atypique : une mésaventure de Hank Thompson.
Hank Thompson, le personnage principal, s'est réfugié au Mexique après avoir empoché la coquette somme de 40 millions de dollars, somme dérobée à la mafia russe de New-York (sinon c'est pas drôle...).Mais voilà que le passé de notre anti-héros le rattrape près des plages mexicaines pour le mener à Las Vegas, la ville qui ne dort jamais.
Lorsque j'ai reçu le bouquin, j'ai eu quelques interrogations. En effet, je n'avais pas lu le premier volet. Mais, HUSTON use de rétrospectives efficaces, j'ai pu sans aucun problème reconstruire peu à peu le passé de "notre héros".
Le paradis (ou presque) c'est un polar en deux temps. D'abord, le Mexique et sa chaleur, de laquelle découle une certaine torpeur qui transpire dans les dialogues. A noter toutefois pour ce début de roman quelques longueurs. Ensuite, le retour de notre personnage aux Etats-Unis, ici les dialogues sont percutants, sans fioritures ni tournures de styles... Tout, les pensées, les personnages, les décors évoluent au rythme saccadé d'une prise de speed suivie d'un comprimé de "percocet". Souvent, j'ai voulu, comme Hank, dormir pour me régénérer, oublier tous ces crimes.
Un tueur en série, un anti-héros, un homme dangereux, mais qui est donc Hank Thompson ? Ce qui est certain c'est que notre personnage joue, tout au long de ce polar, de malchance, tombant à tous les coups sur des brigands de petite échelle mais que la cupidité rend sans pitié. Hank doit tuer pour protéger sa famille. Il voudrait seulement vivre paisiblement, mais son passé est toujours là qui le guette et l'oblige à commettre l'irréparable. Mais tous les cadavres gravitant autour de lui, sont-ils morts de ses mains ?
Un polar brut de décoffrage, qui malgré un début peu rythmé, m'a coupé le souffle !

La longue peine, c'est lorsque je n'ai plus rien à lire de vous.

Qu'il s'agisse d'un gagne pain, ou d'un châtiment, la prison demeure pour les matons comme pour les détenus un enfermement souvent mal vécu.
A travers ce court roman, J TEULE aborde le sujet épineux des détentions, et de l'administration pénitentiaire sur fond d'humour un peu noir, parfois, mais drôle à tous les coups !
Longues peines c'est le témoignage du sort réservé aux pédophiles appelés les "pointeurs", c'est aussi quelques histoires relatant l'endogamie ambiante comme ces détenus hommes et femmes qui malgré des bâtiments séparés parviennent à s'éprendre les uns des autres alors qu'ils ne se sont jamais vus, c'est encore la reconnaissance de leurs pairs à travers leurs crimes, c'est enfin l'histoire d'un microcosme que nul ne peut appréhender sans l'avoir éprouvé.
Ces bribes d'histoires vraies s'enchaînent avec fluidité, avec pour fil conducteur l'histoire du directeur de prison. Une histoire drôle et émouvante à la fois. Une histoire que seul J TEULE pouvait inventer !
J'ai puisé cet ouvrage dans ma bibliothèque avec crainte, la crainte que TEULE, sous couvert d'humour, pratique un angélisme primaire. C'est donc avec soulagement que je le repose sur ma table de chevet. Car une chose est sûre dans Longues peines, c'est tout le monde qui en prend pour son grade !

mardi 8 mars 2011

On a tous un voisin...

J'ai adoré effeuiller, déguster, dévorer ce bouquin !
Je ne connaissais pas l'oeuvre de Tatiana de Rosnay, je dois dire qu'avec Le voisin, elle m'a conquise.
Colombe, mariée mère de deux enfants, mère au foyer et nègre à temps partiel dans une maison d'édition trouve un petit bijou d'appartement en location, un magnifique quatre pièces...
La première nuit dans l'appartement va se solder pour notre héroine par une nuit blanche. Comme celles qui vont suivre. Mais quel est donc ce bruit qui, chaque nuit, la sort de son sommeil. Un sommeil mis en péril et dont le manque déteint sur sa création. Elle est incapable d'écrire une ligne, tout est flou, tout tangue, en bref elle voudrait seulement dormir. Qu'à cela ne tienne, son mari, Stéphane, rentre cette semaine, il va régler le problème... Mais voilà, quand Stéphane est là, le bruit cesse... Colombe est-elle folle ?
Le Voisin, c'est un roman pour plusieurs sujets. D'abord, le thème principal du bouquin, l'intrigue. Une intrigue rondement menée du début jusqu'à la fin, servie par des dialogue secs, percutants, des phrases courtes qui déferlent sur le papier, un rythme haletant. En bref, tous les ingrédients d'un bon thriller.
C'est ensuite, le roman du féminisme. Une femme épaulée d'un mari absent, un travail à mi-temps que personne ne prend vraiment au sérieux. Celui qui reste au foyer pour faire tourner machine à linge, repasser, ou encore s'occuper des enfants a perdu le droit à toute considération. Celui qui gagne c'est celui qui ramène notre pain quotidien... Tatiana nous offre quelques réflexions intérieures d'une femme que douze ans de mariage et deux enfants plongent dans la plus grande interrogation.
Enfin, Le Voisin, c'est la lumière portée sur les "nègres", les écrivains de l'ombre qui, au risque d'un dédoublement de personnalité, écrivent la vie des autres, oui ces autres qui ont du charisme mais aucun talent ! Quelle douleur, pour Tatiana, de se faire dérober le fruit de son travail sur l'autel des apparences...
En bref, j'ai adoré ce roman, et si vous aussi vous avez un voisin bruyant et que votre timidité vous a, bien souvent, causé problème, lisez-le !!

jeudi 3 mars 2011

Affres de la vieillesse

J'ai découvert Christophe Donner en 2005 avec son bouquin corrosif Bang Bang, et c'est avec Un roi sans lendemain que notre relation s'est poursuivie.
Comme un vieil amant se manifestant à nouveau, je retrouve C Donner avec ce roman (autobiographique ?)...
Autant dire que j'ai dévoré cette tranche de vie. Que l'on me pardonne, j'ai adoré m'immiscer dans cette intimité !
Mais revenons à l'histoire ! Elias Chamoun, libanais, à cent-quatre ans, et s'évertue à ne pas vouloir mourir, il veut vivre encore un peu... Sa femme, Farah, quatre-vint-cinq ans, épouse d'un second mariage ne rêve que d'une chose, que son mari parte enfin ! Pour ses fautes du passé, sa sénilité du présent, cette épouse, mais elle n'est pas la seule, désespère de voir ce vieillard s'accrocher à la vie comme une sangsue. D'ailleurs, l'instant le plus intense demeure celui du repas, lorsque Elias s'étouffe, toute la famille est suspendue à sa trachée. Mais au fait Elias feint-il ?
C Donner nous livre un roman brut sans fioriture mais crée en nous un profond malaise. Serions-nous des égoïstes paralysés par notre triste sort. La vieillesse couronnée de sénilité nous pousse-t-elle à désirer la mort de nos proches ? Mais surtout, les vieillards, amusés, ne feignent-ils pas leur état afin qu'une dernière fois se joue devant eux la lâcheté humaine ?
Un roman qui soulève bien des questions, et nous rappelle parfois des souvenirs assez sombres.

Passé trouble sur fond d'enfance dorée.

Lourd passé que celui d'Alexandre JARDIN.
Après Le Roman des Jardin, ouvrage sur les moeurs quelques peu farfelues et dissolues de ses ascendants, Alexandre JARDIN crève l'abcès en publiant Des gens très bien... Et là c'est une toute autre histoire, celle d'une famille gouvernée par l'omerta, dont le seul mot d'ordre est la cécité. L'histoire c'est celle de Jean, grand-père d'Alexandre connu sous le pseudonyme du Nain Jaune. Jean fut le proche collaborateur de Laval sous le régime vichyste.
Le pilier central de ce "roman" demeure la rafle de juillet 1942 où 4000 enfants furent sauvagement assassinés, leur tort étant tout simplement celui d'être juifs!
Alors que la France a dû attendre le dernier quart du 20ième s pour enfin admettre son rôle à part entière dans la déportation des juifs, A Jardin a dû composer avec son passé, celui de petit-fils du Nain Jaune.
Cette ouvrage est poignant, il montre le malaise de notre auteur qui malgré, sa confession demeure profondément heurté par ce passé si sombre. A travers les pages, nous découvrons que bien souvent Alexandre s'est retrouvé, contre son gré, en compagnie de ceux qui furent les alliés de ce plan d'extermination ou encore ceux qui sont comme lui les descendants de ces criminels. Un passé qu'Alexandre subit, et ce à tel point que lorsqu'il retranscrit les propos d'une ex femme de SS, il ne peut s'empêcher de crier son indignation, comme si le vieil adage "qui ne dit mot consent" pourrait lui être attribué, comme si il devait justifier qu'il n'est pas de ces antisémites qui semèrent la terreur dans la France Vichyste et bien au-delà.
Enfin, ce roman légitime le choix littéraire de notre romancier. A un passé trop sombre, trop lourd, il a substitué un mode littéraire. Celui de romans légers voir parfois à l'eau-de-rose.
Une chose est sûre, plus jamais je ne lirai monsieur Jardin de la même manière.

dimanche 20 février 2011

Coup de coeur !

L'interprétation des meurtres est une heureuse rencontre !
Le contexte est le suivant. En 1909 Sigmund Freud accompagné de ses disciples, Ferenczi et Jung, se rend aux Etats Unis. Notre célèbre psychanalyste est convié pour une série de conférences sur ces travaux. Et, c'est Younger, un jeune médecin, féru des théories du maître qui les accueillent tous les trois.
Le corps d'une jeune fille, miss Riverford, est découvert. Cette dernière, assassinée par strangulation, a été victime de multiples sévices, comme l'attestent les lésions dans son dos. Lésions étant le fruit de coups de fouet. Quelques temps plus tard, c'est une jeune fille du nom de Nora Acton qui subira ces sévices, toutefois la jeune fille réussira, par quelques miracles, à échapper à la mort. Mais suite à cette agression, notre victime perd l'usage de la voix et est sous le coup d'une amnésie partielle. Nora deviendra la patiente de Younger, ce dernier à l'aide de la psychanalyse et du soutien de Freud tentera de lever le voile sur cette agression. D'ailleurs les symptômes de la victime ne trouvent-ils pas leur source dans des évènements ayant eu lieu bien avant les faits, notamment au cours de son enfance?
Mais un autre mystère plane, quel personne tente par tous les moyens de faire échouer les conférences de Freud ? En effet, ce dernier fait l'objet d'une campagne calomnieuse l'accusant d'inceste ou encore de profiter charnellement du transfert dont sont victimes ses patientes.
Un polar qui m'a coupé le souffle. D'abord l'auteur nous livre en guise de toile de fond, une Amérique faisant sortir de terre ces monstres d'architecture que sont les buildings. Une Amérique dont la préoccupation majeure est sa politique urbaine. Outre le paysage, Rubenfeld nous livre des personnages illustres. Nous observons avec délice les réflexions en cascade de notre cher Freud. Ses théories sur le transfert ou encore le complexe d'Oedipe. Mais outre Freud, le personnage qui m'a peut-être le plus marqué est Jung. L'auteur nous fait partager ses délires mégalo, sa croyance, selon laquelle il est un danger pour Freud. C'est à travers cette relation que, dans le bouquin, le complexe d'Oedipe est certainement le mieux exposé. Enfin le complexe d'Oedipe tel qu'il est envisagé par Freud, bien entendu.

Rencontre avec Sigmund Freud

C'est après la lecture de l'interprétation des meurtres de Rubenfeld que j'ai décidé d'aborder le polar de Luc Bossi. Ces deux bouquins ont un point commun majeur. Ils ont, tous deux, pour fil conducteur les travaux du brillant psychanalyste Freud.
Manhattan Freud se déroule en 1909. Freud, accompagné de ses disciples, Jung et Ferenczi, se rend aux Etats-Unis pour participer à des conférences sur ses travaux. Au même instant, un homme, August Korda, est sauvagement assassiné. Sa fille, Grace, était présente sur les lieux mais semble faire l'objet d'une profonde amnésie. Qu'à cela ne tienne, il est fait appel au docteur Freud !
Ce dernier va tenter de découvrir les évènements à l'origine de ce trouble
A travers ce polar Luc Bossi nous offre une enquête sur fond de construction de buildings gigantesques et menaçants. Outre une intrigue particulièrement originale, l'auteur nous livre une tranche de vie du psychanalyste. Notamment, ce polar aborde les relations parfois houleuses entre Freud et Jung. Ce dernier féru de spiritisme et ce, au grand désarroi de son père spirituel, semble remettre en cause le complexe d'Oedipe voir même souhaiter dans ses songes la mort de Freud. D'ailleurs, c'est après ce voyage que les deux chercheurs se sépareront progressivement.
Enfin, Manhattan Freud, c'est aussi le développement d'une théorie : le transfert.
En bref un polar haletant sur fond de psychanalyse. Peut être une intrigue un brin moins rythmée que pour l'interprétation des meurtres mais certainement une trame plus dense sur les travaux du docteur Freud.

La folie selon Barry.

Un récit, deux personnages, deux confessions.
Sebastian Barry nous offre le portrait de Roseanne McNulty et du docteur Grene. Deux protagonistes pour un point commun, tous deux évoluent dans un hôpital psychiatrique. Elle, en tant que patiente, lui comme psychiatre.
Le testament caché c'est avant tout l'histoire de Roseanne, cent ans, enfermée depuis une soixantaine d'années pour troubles mentaux. Jeune, cette irlandaise a connu le cahot, celui de la cruauté des hommes sur fond de guerre civile. Ce parcours semé d'embûche est-il responsable de son internement ? Ici, se joue la partition du docteur Grene, ce psychiatre est chargé d'évaluer la santé mentale de Roseanne, afin d'envisager son retour à la "liberté".
Ces deux destins torturés m'ont procuré une émotion si vive entre douleur souvent et larmes parfois. Il est des destins que nous pensons ne pas devoir être vécus, mais ne sont-ils pas honorables lorsqu'il forge une âme aussi pure que celle de Roseanne ? Sans cette souffrance, ces déceptions, aurait-elle été ce personnage que nous offre S Barry ?
L'auteur m'a transportée jusqu'à la dernière page, je me suis laissée "cueillir" comme une débutante, et c'est plutôt charmant...

vendredi 28 janvier 2011

Mon premier Le Floch

1778, décidément Marie-Antoinette donne du fil à retordre tant au niveau du protocole que de la bienséance. La voici une fois de plus dans un de ces bals masqués à chercher cette flamme absente au château. Une sortie dont elle ne rentre pas "bredouille" puisque le lendemain elle constate s'être fait dérober un bijou. A Versailles, un bijou n'est pas conséquent par son prix mais par son donateur, et le donateur c'est le roi ! Sartine demande donc à Le Floch de résoudre cette affaire épineuse. Bien évidemment, sans en avertir Louis XVI.
Mais d'autres problèmes surgissent, en effet, la Reine nourrit un intérêt dangereux pour des lectures peu recommandables. D'ailleurs qui fournit ces ouvrages à sa Majesté ? Un problème plus grave encore se profile, la Reine porte peut être le futur Dauphin, mais voilà que quelques pamphlets mal avisés mettent le doute sur la légitimité du futur nouveau-né. Ces accusations ajoutées à la perte du bijou, pourraient très certainement mettre l'autrichienne en mauvaise posture d'autant que son mode de vie dispendieux et son manque d'attrait pour les choses de son rang lui valent déjà les remontrances de ses pairs.
Jean-François Parot nous offre ici une enquête d'une extrême finesse et ce, sur fond de pré-révolution. Dans ce roman policier, se succèdent verbe, vocabulaire, tournures de phrases du 18ième s, outre le fond, l'auteur nous offre donc la forme, à tel point que j'ai pu penser parfois, lire un roman historique, ou encore la biographie de Le Floch.
En plus du verbe, l'auteur nourrit son homme. Quelle délectation tout au long de cette aventure, cette ribambelle de mets, aussi délicieux les uns que les autres, nous est offerte avec tant de générosité que bien souvent j'ai partagé ces moments avec notre hôte.

lundi 17 janvier 2011

Détente et culture avec Francis Perrin

Merci à masse-critique qui m'a permis de découvrir ce petit bijou de "roman historique". Je dois en premier lieu avouer mon ignorance : non, je ne savais pas que Francis Perrin outre son métier de comédien, metteur en scène était également un écrivain. C'est d'ailleurs une double joie qui s'offre à moi, puisque je découvre un nouvel écrivain mais également un écrivain talentueux !
Mais pour venir aux faits qui nous intéressent, voici l'histoire qui nous est contée :
Le Févrial surnommé Triboulet est né en 1479 à Blois. C'est un enfant laid, difforme et comble de l'horreur pour cette époque, bossu ! Autant vous avouer que ses parents ne lui montrent pas grande affection mais plutôt coups de bâton, et d'ailleurs bien d'autres se livrent, sur son dos si je puis dire, à ce genre de sévices. Libération, notre jeune victime est recueillie par les moines pendant quelques années, période durant laquelle il s'apercevra qu'il possède en lui une arme imparable contre les vicissitudes de ce monde : le rire.
Triboulet, bouffon ? Et bien, disons que la providence lui permet de croiser la route de Louis XII et de surcroît de lui être plaisant... Alors la grande aventure Triboulet commence. Mais attention être bouffon ne s'improvise pas, il est des vérités qui loin d'amuser mènent au cachot ! Mais, comment éviter ces écueils ? Et bien, croyez-moi le bouffon aussi à besoin d'un tuteur et c'est Le Vernoy qui s'en chargera ! Sous Louis XII, Triboulet assistera à maints évènements : l'union de Louis et d'Anne de Bretagne après le décès prématuré de Charles VIII, la naissance de la reine Claude, les projets d'unions avortés entre la dauphine et le futur Charles Quint, le futur règne de François d'Angoulême (dit François Ier) en gestation, les sautes d'humeur d'Anne de Bretagne, son désir de contrôler la politique du roi et notamment la politique matrimoniale, son sacre en tant que Reine de France en 1504, la haine du Pape Jules II pour la France et sa décision d'excommunier Louis XII...
Ce n'est bien sûr pas une liste exhaustive mais c'est l'aperçu d'un règne bien rempli. Notre cher Triboulet va exceller dans la farce, la vérité dite à pleins mots mais sous couvert du rire .... Une bien bonne arme que possède ce Triboulet qui siège au conseil sur des coussins et est sollicité sur des sujets bien épineux. Une rencontre le marquera, celle de Machiavel qui plus tard lui enverra personnellement une impression de son oeuvre : Le Prince.
A la mort de Louis XII, Triboulet devient le fou de François Ier, il faut dire que François il le connaît depuis fort longtemps, d'ailleurs il l'appelle mon cousin. Mais attention le "père des lettres" n'est pas le "père du peuple", autant Louis XII aimait farces et plaisanteries jouées dans tout le royaume, autant François Ier donne le monopole de cette folie à notre bouffon. C'est au cours du règne de ce roi beau, grand, racé comme le dit Triboulet, que notre personnage fera la rencontre d'Erasme, de Rabelais ou bien encore de Léonard de Vinci qui d'ailleurs pour ce dernier demeurera à la fin de ses jours près du roi, au manoir de Choux devenant au XVIIe le Clos Lucé. François Ier c'est la Renaissance : les peintures, la culture, l'art .... Ses batailles pour obtenir Milan ou encore Naples lui vaudront à terme les foudres de Charles Quint et son enjôlement dans une prison d'Espagne... Mais que sont quelques privations face à ce déferlement d'art sur la France ?
Vous en dire plus serait déplacé, en outre j'ai été beaucoup trop loquace sur le sujet ....
Triboulet restaure l'image écornée du bouffon royal. Il en fallait de l'esprit, de la mesure, de la culture, et de l'auto-dérision pour endosser ce costume sans se brûler les ailes !
Alors merci à Francis Perrin pour cet ouvrage d'une fluidité incomparable, merci de m'avoir permis de traverser ces deux règnes dans le costume d'un bouffon !

jeudi 13 janvier 2011

LEVIATHAN. BORIS AKOUNINE

1878, Paris, la Police découvre dix cadavres dans un hôtel particulier, rue de Grenelle.

Dans les mains d'une des victimes, un insigne en or exclusivement réservé aux passagers de première classe du paquebot Léviathan à destination de Calcutta. Cet insigne est-il une piste? Sans aucun doute ! Appartient-il à l'auteur des crimes? Mais quelle question !

Le commissaire Gauche, en charge de l'enquête, se rend sur le Paquebot afin de démasquer "celui" qui n'a plus son insigne. Mais voilà, ils sont nombreux à l'avoir perdu, l'affaire se complique pour notre enquêteur, et ce d'autant plus que parmi les suspects figure notre cher Eraste Fandorine...

Quel polar ! D'abord des références précises à la criminalistique. Au début du polar, Akounine ne manque pas d'aborder les différentes avancées de la science criminelle au tournant du 19ième s telle que la théorie de Bertillon ou encore celle des empreintes, qui n'est pas recevable dans les tribunaux à cette époque parce que pas assez probante. C'est ensuite la pensée de Lombroso, théorie du criminel né, en effet certains individus disposent d'un état dangereux et de surcroît cet état de violeur, menteur, voleur transpire sur leur visage. Au début du bouquin, j'ai eu l'impression de me replonger dans l'exposition crime et châtiment au musée d'Orsay, de revoir ces masques de Degas épousant la théorie criminelle positiviste ! Quel plaisir !

Notre auteur, nous donne aussi un cours de droit pénal, notamment en ce qui concerne l'application dans l'espace de la loi pénale. Et nous rappelle en quelque sorte, que pour le droit pénal français, il est coutumier que le principe de territorialité s'applique.

Outre cet aspect culturel, l'aventure du Léviathan nous offre un duo commissaire Gauche - Eraste Fandorine, qui m'a rappelé avec plaisir le couple Inspecteur Japp - Hercule Poirot dans ses côtés ludiques, mais pour ses côtés plus sombres et calculateur, ce duo épouse le couple Inspecteur Lestrade - Sherlock Holmes. Des duos docteur Jekyll and mister Hyde.... Mais qu'est ce là, et bien à vous de le découvrir !

Enfin que de rebondissements dans cette affaire, c'est un feu d'artifice de dénouements, de chutes et jusqu'à la dernière page !

Lisez-le !!!

mercredi 5 janvier 2011

Firmin : un livre à dévorer !


Connaissez vous l'expression dévorer un livre ? Et bien avec Firmin, j'ai pu découvrir son interprétation concrète.

Firmin est un petit rongeur, un rat plus précisément. Né d'une mère de faible vertu et de surcroît alcoolique, et partageant les tétines avec des frères et soeurs ne présentant que peu d'intérêt, Firmin, pour s'alimenter va découvrir les vertus du papier.

Notre petit rat, résidant dans une librairie, va pouvoir éteindre sa faim sans aucune limite. Mais après le ventre, Firmin va tenter d'apaiser son esprit qui, lui aussi cri famine ! Et voilà notre rat se découvrant une passion pour la littérature.

Au cours de son aventure, Firmin fera la connaissance d'un écrivain qui le prendra sous son aile. D'ailleurs Jerry est peut-être le seul à considérer ce rat comme un être doté de qualités. Une amitié que S Savage nous fait partager dans ce roman. Mais le quartier dans lequel Firmin réside va bientôt disparaître, des promoteurs immobiliers ont d'autres projets que des librairies fourre-tout ou des appartements miteux.

Après la lecture de Firmin, je ne verrai peut-être pas les rats de la même façon. J'ai eu l'impression d'être dans la peau de ce pauvre rongeur, auquel il ne manque que la parole. Un rat qui se sent plus proche des humains que de ses congénères, et qui a pour priorité absolue de nourrir son esprit. Un hommage certains aux écrivains et à la littérature et surtout la beauté d' un message. Même s'il ne peut communiquer les émotions qu'il puise dans les ouvrages qu'il dévore, Firmin n'abandonne pas pour autant. Toutefois cette absence de parole lui fait défaut et, ce à tel point qu'il apprend quelques bribes de phrases en langage des signes.

En bref, un roman qui se lit d'une traite, une aventure dans laquelle on se surprend souvent à rire, pleurer ou rager et tout ça pour la vie d'un rat !