Citations lectures 2012

La vieillesse est la vaseline de la crédulité. Quand la mort frappe à la porte, le scepticisme saute par la fenêtre.
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Les bonnes paroles sont des cadeaux gratuits qui n'exigent pas de sacrifices et font plus plaisir que les vrais.
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Un écrivain n'oublie jamais le moment où, pour la première fois, il a accepté un peu d'argent ou quelques éloges en échange d'une histoire. Il n'oublie jamais la première fois où il a senti dans ses veines le doux poison de la vanité et cru que, si personne ne découvrait son absence de talent, son rêve de littérature pourrait lui procurer un toit sur la tête, un vrai repas chaque soir et ce qu'il désirait le plus au monde : son nom imprimé sur un misérable bout de papier qui, il en est sûr, vivra plus longtemps que lui.
Un écrivain est condamné à se souvenir de ce moment, parce que, dès lors, il est perdu : son âme a un prix.
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La peur est la poudre et la haine est la mèche. Le dogme, en dernière instance, n'est que l'allumette qui y met le feu.
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J'ai préféré que vous passiez une semaine misérable à lire des thèses, des discours, des opinions et des commentaires, afin que vous vous rendiez compte par vous-même qu'il n'y a rien à apprendre d'eux, car ils ne sont en vérité rien de plus que les exercices de bonne ou de mauvaise foi, invariablement ratés, d'individus qui voudraient eux-mêmes apprendre. ****
Rien n'est juste. Au mieux, on peut aspirer à ce que ce soit logique. La justice est une maladie rare dans un monde qui n'a pas besoin d'elle pour se porter comme un charme
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La théorie est la pratique des impuissants.
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- Vous me flattez.
- Mieux que ça, je vous paye. Et fort bien, ce qui est la seule flatterie qui ne soit pas mensongère dans ce monde prostitué. N'acceptez jamais de décorations qui ne soient imprimées au dos d'un chèque. Elles ne bénéficient qu'à ceux qui les décernent.
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Un intellectuel est ordinairement quelqu'un qui ne se distingue pas précisément par son intelligence, affirma-t-il. Il s'attribue lui-même ce qualificatif pour compenser l'impuissance naturelle dont il sent bien que ses capacités sont affectées. C'est aussi vieux et aussi sûr que le dicton : "Dis-moi de quoi tu te vantes et je te dirai ce qui te manque. "
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Toute oeuvre d'art est agressive, Isabella. Et toute vie d'artiste est une petite ou une grande guerre, en premier lieu avec soi-même et ses limitations. Si tu veux atteindre le but que tu proposes, quel qu'il soit, il faut d'abord l'ambition et ensuite le talent, la connaissance et, enfin, la chance.
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Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon.
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- (...)Que voudrais-tu qu'on fasse de Buchenwald ? Un lieu de pèlerinage, de recueillement ? Une colonie de vacances ?
- Surtout pas ! Je voudrais qu'on abandonne le camp à l'érosion du temps, de la nature... Qu'il se fasse ensevelir par la forêt...
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Ecoutez avec beaucoup d'attention le discours de ceux qui défendent la fidélité à tous crins. Vous y entendrez les grésillements de la trouille, peut-être les grincements de la frustration, en tout cas vous sentirez toute la résignation qu'il y a au bout.
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Les policiers furent plus pressés d'aller jeter un coup d'oeil en bas que de secourir Voltaire, malgré les appels désespérés du survivant. On était davantage attiré par les criminels morts que par les philosophes en vie, ce qui est un désespoir de tous les temps. 
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Voltaire adorait la place des Victoires, l'une des plus belles de Paris, dont même les irrégularités étaient plaisantes à l'oeil : moins prétentieuse que la place Vendôme, plus moderne que la place Royale, moins fantomatique que celle qu'on bâtirait peut-être un jour à l'emplacement de la Bastille, quand on déciderait enfin de raser cet affreux château fort qui gâtait le paysage et désespérait les gens de plume.

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On dîna en devisant de chose et d'autres. C'était un repas intime, on ne servit que autre potages, six entrées, dix hors-d'oeuvre, huit rôtis, six entremets et une vingtaine de desserts pour moins de vingt convives.
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Voltaire comprit qu'il ne pouvait plus compter sur la force publique, si tant est que cette phrase eût jamais eu un sens.
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- Tout le monde peut apprécier un bon livre, sauf un écrivain. S'il n'y avait que des écrivains en France, ce serait tous les jours la Saint-Barthélémy. Jamais ils ne diront du bien de mes oeuvres, ou alors après ma mort : seuls les morts ne font plus d'ombre.
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- Certains paragraphes posent un problème, dit Rothelin sans trop s'avancer. Par exemple, lorsque vous traitez les rois de tyrans...
- C'est une image !
L'abbé jugea qu'il aurait fallu à ce texte moins d'images et plus de respect des convenances.
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- Mme de Fontaine-Martel, dit d'Argental. Trop âgée pour le mariage, trop usée pour les médisances, assez fortunée pour soutenir vos dépenses.
- Où loge-t-elle ?
- Sur le jardin du Palais Royal.
- Je la trouve charmante. A-t-elle de l'esprit ?
- Elle en a pour quarante milles livres. Seul hic : elle est avare.
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- Quel drôle de couvre-chef ! dit tout haut la baronne.
On l'informa que cette femme était anglaise : il lui étais permis de porter ce qui était à la mode dans son pays.
- Veuillez m'excuser, avait répondu la baronne. J'ignorais qu'il était permis d'être grotesque quand on est anglaise.
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La gazette de Paris ! On n'y lit que des sottises ! Donnez-moi une gazette de Hollande, que j'apprenne ce qui se passe en France !
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Au risque de le décevoir, le chirurgien annonça que la victime n'avait pas succombé à un coup de couteau. Elle avait été empoisonnée, poignardée, étranglée et étouffée, dans cet ordre précis.
- J'en déduis que cette dame avait beaucoup de relations, dit le lieutenant général. Pour lequel de ces sévices vous inscrivez-vous ? demanda-t-il à Voltaire.
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Le calvaire n'est pas de quitter ceux qui vous aiment, c'est de se détacher de ceux qui ne vous aiment pas.
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L'Etat, l'Etat ! C'est le peuple illettré qui adore le roi et n'accuse que les mauvais ministres corrompus de tous les maux dont il souffre; c'est le Parrain qui dit à ses sbires : "Cet homme a mauvaise mine ", et ne veut pas savoir que ce qu'il vient d'ordonner ainsi à demi-mot, c'est son exécution(...)
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Je les emmerde, ces bourgeois qui jouent aux socialos, qui veulent le beurre et l'argent du beurre, l'abonnement au Châtelet et les pauvres sauvés de la misère, le thé chez Mariage et l'égalité des hommes sur la terre, leurs vacances en Toscane et les trottoirs vidés des aiguillons de leur culpabilité, payer la femme de ménage au noir et qu'on écoute leurs tirades de défenseurs altruiste.
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Je les ai pourris et décomposés, ces trois êtres sans vapeur sortis des entrailles de ma femme, présents que je lui faisais négligemment en échange de son abnégation d'épouse décorative - terribles présents, si j'y songe aujourd'hui, car que sont les enfants sinon de monstrueuses excroissances de nous-mêmes, de pitoyables substitut à nos désirs non réalisés ?

Tant que je garde mon secret, il est mon prisonnier; dès que je le lâche, c'est moi qui deviens son prisonnier. A l'arbre du silence pend son fruit, la tranquillité.
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Chutzpah : culot plein d'insolence et effronté. Chutzpah : la meilleure définition en est donnée par la fameuse histoire du petit garçon qui tue ses parents et qui demande la clémence du tribunal parce qu'il est orphelin.
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On peut, par un peu de politesse et d'amabilité, rendre souples et complaisants jusqu'à des hommes revêches et hostiles. La politesse est donc à l'homme ce que la chaleur est à la cire.  ****
Parmi les formules de Schopenhauer qui m'ont beaucoup aidé, dit Philip, il y avait cette idée que le bonheur relatif provient de trois éléments : ce qu'on est, ce qu'on a, et ce qu'on représente aux yeux des autres. Pour lui, il faut absolument se concentrer sur le premier élément et ne pas miser sur les deux derniers - la possession et notre réputation - parce que nous n'avons aucun contrôle sur eux.
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Un jour, un client lui posa une question à laquelle il répondit simplement par : "Je ne sais pas".
Le jeune homme fit ce commentaire : "Et bien, je pensais qu'un grand sage comme vous avait réponse à tout ". Schopenhauer répliqua : "Non, le savoir est limité; seule la bêtise est sans limites".
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En premier lieu, un homme n'est jamais heureux : il passe son temps à courir après quelque chose censé, pense-t-il, le rendre heureux. Il atteint rarement son but et, lorsqu'il y parvient, c'est pour être déçu : il finit presque toujours comme une épave et revient au port sans mât ni gréement. Qu'il ait été heureux ou malheureux ne change rien, car sa vie aura été rien d'autre qu'un instant présent, toujours éphémère. Désormais, elle est terminée.
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Il est heureux, celui qui peut éviter, une bonne fois pour toutes, d'avoir affaire à la plupart de ses congénères.
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Arthur avait beaucoup à dire sur la différence entre homme de génie et homme de talent. A ses yeux, ces derniers pouvaient toucher une cible que les autres en pouvaient atteindre alors que les premiers pouvaient toucher une cible que les autres ne pourraient voir.
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Ainsi l'un des enseignements de la parabole des porcs-épics est que les hommes de vraie valeur, notamment les hommes de génie, n'ont pas besoin de la chaleur des autres.
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Les hommes reçoivent trop en même temps et pas assez à la longue (...) les hommes sont pour une moitié de leur vie des coureurs et l'autre moitié des cocus.
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La plupart des hommes se laissent séduire par un beau visage : la nature les incite à prendre femme en la faisant apparaître dans tout son éclat, comme en un éclair qui dissimule tous les maux à venir, les dépenses dont on ne voit jamais la fin, les problèmes d'enfants, la désobéissance, l'entêtement, les tromperies, le cocufiage, les caprices, les crises d'hystérie, les amants, bref l'enfer et tous ses diables. C'est pourquoi j'appelle le mariage une dette que l'on contracte dans la jeunesse et que l'on règle dans sa vieillesse. (SCHOPENHAUER)
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En quoi me sera-t-il profitable d'écouter les autres décrire leurs vies et leurs problèmes ? La simple idée d'une litanie de misères me dégoûte, bien que, comme le souligne Schopenhauer, apprendre que les autres souffrent plus que vous soit toujours une source de joie.
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Moi aussi je crains les bipèdes, poursuivit-il, et je suis d'accord avec son constat que l'homme heureux est celui qui parvient à éviter la plupart de ses congénères.
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Sans rire, parler français me fait mal à la mâchoire.
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En Afrique, on dit que chacun de nous a un double de l'autre sexe, tapi derrière lui, sur son côté gauche. On dit aussi que nous épouserons ce double le jour de notre mort... Moi qui connais l'identité de cet être, je n'ai jamais eu peur de mourir.








Ici le passé n'est pas une sédimentation de crasse et de traditions incompréhensibles; il donne une continuité, un sens à la vie.
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 Jusque dans l'aliénation mentale où toute raison est abolie, l'argent jouait son rôle discriminant : elle était plus douce du côté des nantis.
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