samedi 31 mars 2012

Quand les religions s'affrontent à coups d'empoisonnement !

En grande adepte des policiers historiques, et intéressée par notre beau XVIe siècle, je me suis précipitée sur cet ouvrage.
Michèle Barrière use d'une belle plume, d'un vocabulaire riche, nous abonde de détails historiques, et ce pour notre grand plaisir.
Notre intrigue se déroule en 1556 dans le sud de la France, à Montpellier. Notre héros François, étudiant en médecine, plus passionné par les épices, la bonne chère, et les banquets, que par les cadavres et maladies en tout genre, voit Laurent Catalan, l'homme chez qui il séjourne, accusé de meurtre par empoisonnement. Une accusation infondée mais reposant sur un motif valable pour cette époque : Catalan a des origines juives et n'est pas réticent à fréquenter des protestants. A cette époque, les choix en matière de religion peuvent être cruciaux.
En bref un polar historique sur fond de religion, de combat sournois entre épiciers et apothicaires, le tout assorti d'une farandole de mets succulents, d'épices enivrantes et de voyages dans notre beau sud est !
Toutefois, le dénouement m'a quelque peu déçue. Michèle Barrière nous offre une fin un peu trop convenue peut être par trop de précipitation.

vendredi 30 mars 2012

Sitcom & cie

Avec Saga, Benacquista nous invite dans le monde étrange des feuilletons télé.
Parce que la loi impose à nos patrons de chaîne télé un pourcentage de production française, quatre scénaristes sont sollicités afin de créer une sitcom : SAGA. Vous l'avez bien compris ce n'est pas par amour des créations artistiques françaises que nos protagonistes sont sollicités, et ce constat aura des répercutions notables notamment sur la plage horaire de diffusion de notre feuilleton, à quatre heures du matin !
Mais notre affaire prend de l'ampleur, Saga crée des émules. Peu à peu, notre création se trouve catapultée en prime time.
Au delà d'une histoire et de personnages drôles et attachants, SAGA c'est aussi une réflexion sur le monde des sitcoms. Notre auteur aborde les thèmes très controversés du cahier des charges, de l'évolution des personnages soumise à la dictature de l'audimat, et surtout de cette capacité que possèdent nos feuilletons de captiver des téléspectateurs vivant la vie de nos héros éphémères par procuration.
Le feuilleton est un exutoire pour tous ces individus soumis aux frustrations d'une vie quotidienne qui défile trop vite.
Qui n' a jamais vécu par procuration me jette la pierre !

dimanche 4 mars 2012

Une délicieuse lecture...

A qui éprouve un frisson de plaisir à la simple idée de goûter aux mets les plus fins.
A qui est déjà persuadé que manger met en ébullition tous nos sens.
A qui a connu un être égoïste, mais auquel il n'a pu jamais véritablement en vouloir, comprenant bien que son égocentrisme n'était pas volontaire.
En bref à qui aime la vie.
Je conseille la lecture de ce concentré de plaisirs, de souvenirs, d'amertume, de colère, d'indifférence, d'incompréhension, de snobisme, d'amour, d'envie, de jalousie, de nostalgie.
Venez partager les derniers instants d'un grand critique culinaire, venez partager sa dernière quête, celle de la recherche d'un met de son enfance, celui qu'aux portes de la mort sa nostalgie lui rend utile, unique.
Venez écouter les dernières pensées de ceux qui l'ont entouré pendant toutes ces années, où sa seule préoccupation fut celle de découvrir des mets savoureux, au détriment de l'amour, de l'amitié, de la famille.
Venez savourer la dégustation d'une tomate, juteuse, écouter le bruit du craquement des dents sur sa peau dure. Venez sentir le pain chaud, écouter le bruit de la croute craquant sous la pression des doigts, toucher la mie si souple (...)
Depuis Le parfum je n'avais pas retouvé un bouquin activant mes sens au fil de la lecture, M Barbery a donc parfaitement honoré le titre de son roman : une gourmandise.
Après ma lecture de l'élégance du hérisson, une gourmandise est une heureuse rencontre, notre auteur honore la langue française et nous procure des sensations agréables au fil des chapitres.
Pour ne rien gâcher, notre histoire contient une leçon de vie : notre vie est souvent orchestrée par la recherche du superflu, de l'illusoire, de plaisirs surfaits, alors, que finalement à l'approche du jugement dernier, notre quête est souvent celle de l'essentiel.


    

samedi 3 mars 2012

Une relation à poursuivre

Je ne connaissais pas Carlos Ruiz Zafon, si ce n'est de nom et je dois dire que la lecture de ce thriller laissera des traces, que dis-je des empreintes, dans ma mémoire bibliographique.
Le jeu de l'ange ou les mésaventures d'un jeune écrivain ayant "vendu son âme". David Martin, jeune homme de dix-sept ans, est embauché pour de menus travaux dans un journal : La voz de la industria, mais par un concours de circonstances jouant en sa faveur, il devra très vite écrire des chroniques. Et là, révélation : quel talent a notre jeune écrivain ! Mais, c'est lorsqu'il se décidera à écrire sous son propre nom que notre protagoniste rencontrera les premiers écueils. Un jour, alors qu'il flirte avec le malheur, il rencontre le patron, celui qui lui demande d'écrire "une religion". Sur le fond de l'histoire je ne peux vous en dire plus au risque de gâcher ces rebondissements et effets de surprise servis par notre auteur.
Par contre sur la forme, mes indiscrétions n'entacheront en rien votre lecture.
Dans Le jeu de l'ange, les évènements se succèdent avec fluidité, notre auteur ne nous laisse quasiment pas une minute de répit. Les personnages sont aboutis comme les situations.
Mais Le Jeu de l'ange c'est aussi l'hommage rendu par notre auteur aux livres, aux écrivains, à la littérature. Nous pénétrons dans l'intimité de l'homme confronté à la page blanche, nous partageons ses doutes, ses craintes, nous mesurons à quel point la vanité du créateur est présente dans toute oeuvre artistique.
Le jeu de l'ange c'est enfin un roman sur la religion, sur les questions qu'elle soulève, sur sa finalité, sa réponse face à la peur de mourir, son pouvoir sur notre intelligence et notamment celui de nous ôter toute forme de discernement pour tomber dans le gouffre de la crédulité.
En bref, j'ai passé un très bon moment et pense poursuivre le début de cette relation qui m'offre d'heureuses perspectives en lisant L'ombre du vent.
Juste une indiscrétion : des rebondissements, vous en aurez jusqu'à la dernière page !

La première impression n'est pas toujours la bonne

Sceptique", voilà le terme qui reflète mon sentiment à la lecture des premières pages de ce polar. Adepte des thrillers je suis, mais les courses poursuites effrénées sur fond d'hémoglobine et de sueur ne sont pas ma tasse de thé.
"Surprise", je l'ai été, au tournant de ce thriller haletant. "Conquise", voilà ma position lorsque je ferme ce bouquin.
Adepte des thrillers psychologiques, je dois dire que de psychologie, Instinct de survie n'en manque pas. L'auteur a bien caché son jeu, les débuts de ce récit ne laissaient présager en aucune façon la suite : des rebondissements, des personnages psychologiquement complexes voire complètement dérangés.
Merci à Babelio et aux éditions des deux terres pour cette découverte

A qui veut connaître l'histoire de l'ancien régime et découvrir la beauté de notre langue, lisez Simone Bertière.

Une fois de plus Simone Bertière m'a transportée. Outre ses talents de biographe, notre historienne manie la langue française comme peu d'écrivains. Syntaxe parfaite, vocabulaire riche, bons mots, humour, notre historienne sert l'histoire de France en l'épurant de ses complexités. En bref, son amour de la langue nous réconcilie avec les ouvrages historiques souffrant si souvent de lourdeurs et anecdotes poussiéreuses. Les pages s'enchaînent et me voici propulsée au temps des Bourbons. Je suis Henri IV, Marie de Médicis, Louis XIII, Richelieu, Gaston d'Orléans, Anne d'Autriche, Mazarin ou bien encore le très jeune Louis XIV ! Souvent Marie de Médicis m'ulcère par son amour maternel inexistant, son esprit calculateur, sa soif de pouvoir, son côté parvenu, et alors je comprends Louis XIII, sa méfiance, son manque d'égards pour le "sexe faible", notamment pour Anne d'Autriche. Puis je souffre de la disgrâce de Marie, celle que les Pays Bas, l'Italie ou encore l'Angleterre se rejettent, celle qui n'a pas lâché prise suffisamment tôt, qui n'a pas compris qu'une fois le roi majeur et apte à gouverner, la Reine mère doit se retirer. Peut-être que son sacre l'a induite en erreur, Anne d'Autriche n'aura pas cette déconvenue, de sacre elle n'en aura pas.
Enfin je suis charmée par Anne d'Autriche, sa candeur, sa loyauté, l'amour qu'elle porte à son Roi. Elle se retirera de la régence avec élégance, et même si Louis XIV l'évincera de toute charge politique jamais elle ne lui fera l'affront de le désavouer en public.
En bref, Simone Bertière nous dresse le portrait de deux femmes emblématiques d'une intelligence notoire. Leur point commun : toutes deux furent régentes, toutes deux durent jouer avec un ministre intelligent et castrateur : Richelieu pour Marie de Médicis et Mazarin pour Anne d'Autriche, toutes deux durent au cours de leur règne affronter une crise majeure : journée de dupes pour une (Marie de Médicis sera désavouée par Louis XIII qui lui préfèrera son Ministre), et la Fronde pour Anne d'Autriche. D'ailleurs, la décision de Louis XIV de gouverner seul sans prendre de Ministre et d'évincer la reine Marie-Thérèse de toute décision politique n'est-il pas la réponse qu'il apporte aux écueils du passé ?

Les conquêtes du roi soleil, tout un programme !

Après Marie de Médicis et Anne d'Autriche, Simone Bertière s'attaque aux conquêtes du Roi Soleil. Bien qu'il n'en manqua pas, la structure de notre ouvrage repose sur un triptyque : La Vallière, La Montespan, La Maintenon. Bien sûr, notre auteur n'omet pas d'évoquer l'existence de Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV dont la place de Reine demeure incontestable du moins par son acharnement à fournir une descendance digne de son nom à notre roi. C'est une fois de plus un ouvrage servi par une écriture d'une extrême finesse teintée d'ironie, le tout agrémenté d'un vocabulaire riche et bien souvent esthétique. La lecture de ces différents tomes m'enchante chaque fois plus.
Dans cet ouvrage, Simone Bertière aborde le statut de Marie-Thérèse, Infante d'Espagne, livrée à notre bon roi, pour quelques raisons d'Etat, la paix entre les deux nations. Notre infante présente quelques attraits physiques similaires à ceux de la Reine mère mais la comparaison s'arrête bien là. En effet, notre souverain constatera amèrement que son épouse présente tous les symptômes de la niaiserie. Déjà disposé envers le beau sexe, Louis XIV cherchera dans ses conquêtes certes la beauté, ses maîtresses sont aimables, mais surtout le bon mot, le ton juste, l'appétit et la subtilité. D'ailleurs, pour notre roi la beauté ne peut pallier l'absence d'esprit, La Fontages en sera un exemple éloquent et en fera les frais.
Vous aurez donc compris que notre charmant trio, précédemment cité, répond à cette exigence de disposer d'une tête bien faite et de la beauté.
A chaque maîtresse correspondra un cycle de la vie de notre roi. Indéniablement autant La Montespan l'aura épaulé durant les années fastes du royaume, celles de la construction de Versailles, des guerres remportées, des deniers publics dépensés sans compter, autant La Maintenon l'aura accompagné vers la dernière phase de son règne, celle des échecs, de la miséricorde, d'une dynastie qui s'effondre, d'une famille trop nombreuse créant des heurts.
Enfin, Louis XIV aura suivi le chemin de son père, il n'aura pas demandé le sacre de Marie-Thérèse, l'aura tenue souvent bien loin des affaires du royaume. Plus tard, il épousera La Maintenon mais n'en fera pas sa Reine. Notre roi aura profondément aimé le beau sexe mais cet amour n'aura pas été un gage de confiance. Seul élu en bon monarque de droit divin, il ne partagera pas son pouvoir. Toutefois, vers la fin de son règne, c'est bien quelque fois qu'il se laissera inspirer par La Maintenon, ou du moins le lui laissera-t-il croire... Défiance envers les femmes en général, oui, mais envers le fruit de ses amours illégitimes, au grand non. Louis XIV aura été prolixe en matière de descendance : dix-huit enfants en tout dont six avec la Reine. Notre roi mettra un point d'honneur à légitimer cette descendance, il donnera donc à ces enfants un titre. Plus tard, pour ceux qui survivront, il participera lui même aux négocations de leur mariage. Par ces unions calculées, Louis XIV associera cette lignée "illégitime" à des projets politiques.

Une lecture peu banale...

"Alter" voilà le terme qui bourdonne dans mes oreilles après cette lecture.
Irvin D. Yalom nous livre une introduction à l'oeuvre de Schopenhauer. Les citations fusent, le choix de leur place dans le récit est d'une grande précision. Je ne connaissais pas véritablement l'oeuvre de Schopenhauer. Grâce à notre auteur et au choix judicieux des thèmes abordés, je mesure aujourd'hui à quel point ce personnage pouvait être détestable de par sa misanthropie et sa misogynie.
Mais La méthode Schopenhauer, n'est pas exclusivement la biographie de ce personnage. C'est aussi en alternance, la psychothérapie de groupe lancée par Julius, un célèbre psychiatre. Ce dernier se sachant condamné décide de reprendre contact avec un ancien patient, Philip Slate sur lequel la psychothérapie a échoué. Quelle n'est pas la surprise de Julius lorsqu'il découvre que Philip est devenu psychothérapeute et que c'est Schopenhauer qui a apporté les réponses à ses questions...Les réunions de groupe seront donc ponctuées de citations, de références sur l'autre, la sexualité, la solitude, la séduction, la jalousie, la mort.
Souvent l'autre est cause de tourment, et ne serait ce pas seulement un instinct de survie que de se prémunir de ses coups. La misanthropie serait-elle la réponse au défit de vivre avec l'autre ?

A se demander pourquoi crime et meurtre sont des mots masculins.

Instigatrice ou bras armé, mineure ou majeure, machiavélique ou déséquilibrée, sadique ou bienveillante, Joyce Carol Oates nous livre à travers ce recueil de nouvelles, neuf portraits de criminelles n'ayant pour seul point commun que le dit crime tant leur état psychique ou le motif qu'elles invoquent sont divergents. Amateurs des entrées par effraction dans le cerveau humain, ne passez pas votre chemin, attendez votre tour. Le voyage que nous offre Oates nous rappelle que le crime est l'affaire de tous.

Brandreth ne cesse de me combler !

Quel plaisir durant une lecture de goûter à notre chère Angleterre Victorienne !
Brandreth remplit son contrat avec un succès certain.
D'abord les personnages, il est bien évident que notre auteur met en scène notre trio infernal : le dandy Wilde, le docteur Doyle, l'écrivain Sherard, mais quelle n'est pas notre surprise lorsque celui-ci immisce dans notre affaire l'illustre père de Dracula, Bram Stoker. D'ailleurs, de mordant, notre affaire n'en manque pas. Assassinat sur fond d'hystérie, Brandreth a choisi ce tome pour présenter les travaux d'un illustre neurologue, Charcot. Fin 19ième siècle ou, quand les troubles du comportement ne semblent plus être l'oeuvre du diable mais bien celle de la chimie des corps...
Enfin, ce tome est écrit à plusieurs mains. Chacun narre les évènements tels qu'il les a perçus, le tout sur fond de journal intime ou bien encore de missive.
Je n'ai qu'une seule question : A quand le prochain ?

Une heureuse rencontre dans le domaine des thrillers !

Merci à Régis DESCOTT pour ce thriller aussi surprenant qu'envoûtant. Notre auteur nous mène dans le Paris de la fin du 19ième s, celui des maisons closes, des filles de joies qui n'en ont que le nom, de la syphilis, et surtout de la grande misère sociale. Pour noircir encore ce portrait, Régis Descott nous conte l'histoire d'un illustre tableau de Manet, Le déjeuner sur l'herbe. Jusque là, mises à part quelques polémiques tenant à la genèse de cette oeuvre d'art, vous ne voyez pas de noirceur particulière. Ce que vous ignorez encore, c'est qu'un individu s'est vu le coeur artiste, et s'évertue à reproduire notre oeuvre d'art mais en ajoutant, comment dire, une touche on ne peut plus personnelle. Ce tableau, notre meurtrier parce qu'il faut appeler les choses par leur nom, a pris pour parti de le concevoir avec des cadavres. Et, parce que l'art est souvent chose difficile et exigeante, notre artiste en herbe, grand amateur de photographie, en effet la reproduction demeure réaliste jusqu'au morbide, recommence plusieurs fois, et ce, sans aucun doute, par excès de perfectionnisme. En bref, son art nécessite moult modèles. Les maisons closes lui paraissent donc un vivier au potentiel considérable. Et ce, d'autant plus, que les filles de joies ne manquent souvent qu'à leurs clients, et comme nulle n'est irremplaçable, ce manque est souvent vite comblé. La belle affaire pour notre criminel qui semble peu importuné par les services de police. Mais, ceci est sans compter sur le flegme et la ténacité du jeune docteur Corbel...

Simone Bertière ou la beauté de la langue française

Loi salique aidant, nous ne savons que très peu de choses sur les reines de France, si ce n'est le Roi auquel elles sont unies et l'ampleur de leur descendance. Les alliances ne laissent que très peu de place aux sentiments amoureux. Les mariages sont des contrats permettant de conserver la paix, d'obtenir de nouveaux territoires. Une Reine doit être "prolifique", le taux de mortalité infantile étant très élevé au 16ième s, elle doit mettre au monde plusieurs garçons, mais que fait-on des filles me direz vous ? Et bien sachez qu'en monarchie rien ne se perd, les filles seront unies à d'autres Roi qu'ils soient du Portugal, ou encore d'Angleterre, ces unions permettront la constitution d'alliances politiques.
Grâce à S Bertière, nous voici éclairés sur le caractère de celles qui partagèrent le trône de nos Rois au cours de ce Beau 16ième s. D'Anne de Bretagne à Catherine de Médicis en passant par la Reine Claude, voici le portrait de celles qui par leur alliance furent condamnées à rester dans l'ombre mais dont la personnalité les sauva de l'anonymat.
Une chose est sûre en ce temps les mères ou les soeurs de rois avaient un poids bien plus grand qu'une simple Reine, machine à procréer pour assurer la continuité de la lignée.
S Bertière nous offre une fresque historique fluide allant à l'essentiel, un bonheur pour les néophytes.

La lecture n'est pas toujours faite de moments mémorables...

Avant toute chose, merci à Masse Critique ainsi qu'aux éditions Julliard pour la sélection.
Que dire de ce roman... P BESSON nous offre le récit de deux destins. Celui de Laura, mère de deux enfants, subitement abandonnée par son mari. Elle est le portrait de ces femmes qui pendant tant d'années ont vécu dans l'ombre de leur époux, sans prendre de décision, sans travailler, sans avoir de vie sociale si ce n'est celle du foyer matrimonial. Et, parce que la vie est devenue un combat inéquitable, parce que les jours se suivent et se ressemblent, parce qu'elle ne trouve plus sa place dans ce monde trop grand pour elle, Laura décide de mettre fin à ses jours. Nous l'accompagnons donc dans cette dernière journée jonchée de rituels.
Nous avons dit deux destins, le deuxième est celui de Samuel, père divorcé, dont le fils, Paul, vient de mettre fin à ses jours. L'incompréhension règne chez notre protagoniste. Comment n'a-t-il pu déceler durant les week-end qu'il ont passé ensemble cette détresse. Pourquoi son fils est-il passé à l'acte.
En bref un fil conducteur pour nos deux personnages : le suicide. D'un côté celle qui le prépare comme l'exutoire à tous ces chagrins. D'un autre celui qui le subit.
Je dois dire que la lecture de roman m' a été très pénible, P Besson a pris le parti de disséquer les sentiments humains. Lorsque notre auteur se penche sur ceux de Laura, quelle n'est pas ma déception.... Les réflexions me semblent convenues, les sentiments sont sans surprises, en résumé un échec. Peut-être que la lecture des romans de ZWEIG m'a rendu intransigeante et exigeante.
Le pathos n'est d'ordinaire pas ma tasse de thé, alors quand l'auteur décide d'y recourir, il faut qu'il use d'une grande subtilité. Ce qui très certainement manque à monsieur BESSON.

Frédéric Lenormand a réussi un pari !

Diable ! Quelle déconvenue de manquer à ce point d'étoiles pour congratuler ce cher Frédéric Lenormand. Qu'à cela ne tienne, j'honorerai son ouvrage à coups de mots.
Notre auteur s'est attaqué à un pari risqué. Relater une intrigue réelle, avec des personnages en chair et en os, le tout durant une époque baignant dans "les lumières"..
En bref, l'intrigue présentée ne vaut pas un thriller du 21ième siècle. Mais, la belle affaire que voilà, ce que nous offre Lenormand c'est un polar historique sans anachronismes et drôle !!!
Commençons par la présentation. Les têtes de chapitres m'ont interpellées, Lenormand s'est inscrit dans la lignée d'Akounine ou de Parot. Notre auteur appâte le lecteur avec une accroche sous forme d'énigme et ça marche !!
Poursuivons sur la forme, Lenormand nous offre un vocabulaire, une syntaxe tous deux dignes du 18ième s, les citations fusent, les personnages dialoguent avec une grande dextérité.
Sur le fond, Lenormand prend joie à égratigner notre illustre personnage sur ses mauvais penchants tels que la cupidité, l'hypocondrie, la paresse, le dédain du peuple et la misanthropie. Reste à savoir si notre philosophe réunissait tous ces traits de caractères. Mais il n'est pas sujet exclusivement de Voltaire, notre auteur s'intéresse de très près à Emilie du Châtelet, jeune femme enceinte jusqu'aux yeux, au charme ravageur, passionnée par les sciences et très fine d'esprit, pour laquelle Voltaire semble montrer un intérêt tout particulier.
Tous deux mèneront l'enquête sur la mort de la Baronne de Fontaine-Martel, sauvagement assassinée dans cet ordre : empoisonnée, poignardée, étouffée, étranglée. Mais me direz vous pourquoi Voltaire se transforme-t-il en détective ? Notre philosophe cherche à découvrir qui a mis fin aux jours de sa bienfaitrice. En dire plus serait un crime !!
En bref, amateurs de polars historiques courrez acquérir ce petit bijou !!