dimanche 20 février 2011

Coup de coeur !

L'interprétation des meurtres est une heureuse rencontre !
Le contexte est le suivant. En 1909 Sigmund Freud accompagné de ses disciples, Ferenczi et Jung, se rend aux Etats Unis. Notre célèbre psychanalyste est convié pour une série de conférences sur ces travaux. Et, c'est Younger, un jeune médecin, féru des théories du maître qui les accueillent tous les trois.
Le corps d'une jeune fille, miss Riverford, est découvert. Cette dernière, assassinée par strangulation, a été victime de multiples sévices, comme l'attestent les lésions dans son dos. Lésions étant le fruit de coups de fouet. Quelques temps plus tard, c'est une jeune fille du nom de Nora Acton qui subira ces sévices, toutefois la jeune fille réussira, par quelques miracles, à échapper à la mort. Mais suite à cette agression, notre victime perd l'usage de la voix et est sous le coup d'une amnésie partielle. Nora deviendra la patiente de Younger, ce dernier à l'aide de la psychanalyse et du soutien de Freud tentera de lever le voile sur cette agression. D'ailleurs les symptômes de la victime ne trouvent-ils pas leur source dans des évènements ayant eu lieu bien avant les faits, notamment au cours de son enfance?
Mais un autre mystère plane, quel personne tente par tous les moyens de faire échouer les conférences de Freud ? En effet, ce dernier fait l'objet d'une campagne calomnieuse l'accusant d'inceste ou encore de profiter charnellement du transfert dont sont victimes ses patientes.
Un polar qui m'a coupé le souffle. D'abord l'auteur nous livre en guise de toile de fond, une Amérique faisant sortir de terre ces monstres d'architecture que sont les buildings. Une Amérique dont la préoccupation majeure est sa politique urbaine. Outre le paysage, Rubenfeld nous livre des personnages illustres. Nous observons avec délice les réflexions en cascade de notre cher Freud. Ses théories sur le transfert ou encore le complexe d'Oedipe. Mais outre Freud, le personnage qui m'a peut-être le plus marqué est Jung. L'auteur nous fait partager ses délires mégalo, sa croyance, selon laquelle il est un danger pour Freud. C'est à travers cette relation que, dans le bouquin, le complexe d'Oedipe est certainement le mieux exposé. Enfin le complexe d'Oedipe tel qu'il est envisagé par Freud, bien entendu.

Rencontre avec Sigmund Freud

C'est après la lecture de l'interprétation des meurtres de Rubenfeld que j'ai décidé d'aborder le polar de Luc Bossi. Ces deux bouquins ont un point commun majeur. Ils ont, tous deux, pour fil conducteur les travaux du brillant psychanalyste Freud.
Manhattan Freud se déroule en 1909. Freud, accompagné de ses disciples, Jung et Ferenczi, se rend aux Etats-Unis pour participer à des conférences sur ses travaux. Au même instant, un homme, August Korda, est sauvagement assassiné. Sa fille, Grace, était présente sur les lieux mais semble faire l'objet d'une profonde amnésie. Qu'à cela ne tienne, il est fait appel au docteur Freud !
Ce dernier va tenter de découvrir les évènements à l'origine de ce trouble
A travers ce polar Luc Bossi nous offre une enquête sur fond de construction de buildings gigantesques et menaçants. Outre une intrigue particulièrement originale, l'auteur nous livre une tranche de vie du psychanalyste. Notamment, ce polar aborde les relations parfois houleuses entre Freud et Jung. Ce dernier féru de spiritisme et ce, au grand désarroi de son père spirituel, semble remettre en cause le complexe d'Oedipe voir même souhaiter dans ses songes la mort de Freud. D'ailleurs, c'est après ce voyage que les deux chercheurs se sépareront progressivement.
Enfin, Manhattan Freud, c'est aussi le développement d'une théorie : le transfert.
En bref un polar haletant sur fond de psychanalyse. Peut être une intrigue un brin moins rythmée que pour l'interprétation des meurtres mais certainement une trame plus dense sur les travaux du docteur Freud.

La folie selon Barry.

Un récit, deux personnages, deux confessions.
Sebastian Barry nous offre le portrait de Roseanne McNulty et du docteur Grene. Deux protagonistes pour un point commun, tous deux évoluent dans un hôpital psychiatrique. Elle, en tant que patiente, lui comme psychiatre.
Le testament caché c'est avant tout l'histoire de Roseanne, cent ans, enfermée depuis une soixantaine d'années pour troubles mentaux. Jeune, cette irlandaise a connu le cahot, celui de la cruauté des hommes sur fond de guerre civile. Ce parcours semé d'embûche est-il responsable de son internement ? Ici, se joue la partition du docteur Grene, ce psychiatre est chargé d'évaluer la santé mentale de Roseanne, afin d'envisager son retour à la "liberté".
Ces deux destins torturés m'ont procuré une émotion si vive entre douleur souvent et larmes parfois. Il est des destins que nous pensons ne pas devoir être vécus, mais ne sont-ils pas honorables lorsqu'il forge une âme aussi pure que celle de Roseanne ? Sans cette souffrance, ces déceptions, aurait-elle été ce personnage que nous offre S Barry ?
L'auteur m'a transportée jusqu'à la dernière page, je me suis laissée "cueillir" comme une débutante, et c'est plutôt charmant...