jeudi 21 avril 2011

Jury seuil 2011.

Cette lecture fait partie de la sélection Jury Seuil 2011.
Je ne connaissais pas Jonathan KELLERMAN, c'est avec un sentiment très agréable que je repose ce bouquin.
Jeux de Vilain c'est d'abord trois acteurs, trois piliers de la trame qui mènent l'enquête : Milo, tout fraichement nommé lieutenant en charge des enquêtes spéciales, l'inspecteur Moe Reed, et le docteur Alex Delaware, psychologue.
Alors qu'un ado, condamné à exercer du Travail d'intérêt général dans une association, les enfants du marais, reçoit un coup de téléphone l'informant de la présence d'un corps à proximité du Marais, Bob Hernandez, un paumé, remporte lors d'enchères une boîte en bois précieux contenant des os, deux évènements sans rapport me direz-vous...
Par la suite c'est dans ledit marais que les découvertes macabres se feront. Il s'agit d'un cadavre identifiable et de trois squelettes. Mais quel lien existe-t-il entre ces victimes. Pourquoi leur manque-t-il la main gauche ? Et surtout que signifie l'orientation des corps ?
Nos trois personnages mènent l'enquête et ne laissent rien au hasard.
Jeux de vilains c'est d'abord l'immersion dans l'Amérique de tous les excès qu'il s'agisse de drogue, d'alcool ou encore de prostitution, où l'on côtoie ces être anéantis, victimes de leur vice. Mais c'est aussi le contact avec ceux dont le vice semble être si souvent vertu : les riches et leur pouvoir.
Kellerman fait tanguer l'enquête entre les faits matériels découverts par nos lieutenant et inspecteur, et les déductions psychologiques du docteur Delawave.
Un polar tinté d'humour parfois très noir, dans lequel le ou les bourreaux peuvent nous attendrir autant que les victimes.
En bref, un bon rythme au service d'une enquête étoffée, que demander de plus.

Les affres de l'addiction.

Après Le Vampire de la rue des Pistoles, c'est avec Le secret du docteur Danglars que j'ai fait plus ample connaissance avec monsieur Contrucci.
Alors que le premier polar traitait de mythologie en général et de l'héritage grec de la cité phocéenne en particulier, cette nouvelle aventure aborde deux sujets sans véritables liens entre eux : le marché de l'opium et l'anarchisme.
Le secret du docteur Danglars c'est un polar qui débute par l'exécution d'un anarchiste, d'ailleurs c'est bien à contre coeur que notre célèbre journaliste, Raoul Signoret, se rend " au spectacle" afin de couvrir l'évènement. C'est encore, le procès du docteur Hyppolite Danglars accusé d'avoir pratiqué un avortement clandestin sur une bonne, avortement ayant d'ailleurs coûté la vie à cette dernière. Mais, me direz-vous quel peut être le rapport entre ces deux évènements ?
Contrucci nous offre une énigme sur fond d'opium mais sans nébulosité. Une fois de plus il nous sert des dialogues drôles et percutants, des joutes verbales croustillantes. le tout, sur fond de patois, de cigales, d'odeur de thym et de romarin, de mets provençaux.... Ah je cours acheter une autre de ces merveilles !

Le règne couleur sang.

Voici l'histoire d'un roi délaissé par sa mère, raillé par son frère, qui, trop faible pour s'imposer, participa malgré lui à un des massacres les plus sanglants de notre histoire : la Saint Barthélémy.
Un pan de notre histoire non reluisant, certes, mais, qui, conté par monsieur Teulé revêt des atours souvent de tragédie parfois de comédie. Et c'est là tout le talent de notre auteur, servir la mémoire de notre histoire mais sans dialogues ni anecdotes parfumés. Teulé, dans tout son oeuvre, met un point d'honneur à ne pas occulter la bêtise, la félonie, le manque de pudeur, l'appât du gain, et surtout l'absence de discernement de personnages que les historiens ont sanctifiés voire embaumés dans leurs ouvrages. Charles IX ne fera pas exception à la règle que s'est fixé notre auteur. Ce roi commanditera le massacre de milliers d'huguenots, il épargnera toutefois trois personnes : sa maîtresse, sa nourrice, et Ambroise Paré, son chirurgien. Les autres devront mourir, le roi ne veut pas dans son royaume pouvoir croiser le regard d'un huguenot rescapé et revanchard. La chute vertigineuse de notre roi dans la folie débutera au lendemain de ce massacre. Il n'aura de cesse, par la suite, d'éluder les prises de décisions majeures. Il mourra, désavoué par son peuple, un peuple miné par la faillite de l'Etat. le Roi est mort, Vive le Roi, Vive Henri IV

L'histoire des murs.

Après le Voisin, j'ai décidé de pousser plus avant ma rencontre avec Tatiana de Rosnay. C'est donc avec La mémoire des murs que je retrouve cet auteur.
Ce roman peut être résumé ainsi : jeune femme divorcée, émotionnellement déséquilibrée, trouve appartement avec lourd passif.
Pascaline, notre héroïne, une informaticienne de 40 ans, fraichement divorcée, trouve un petit appartement rue Dambre. Un évènement heureux rapidement gâché par un sentiment de malaise qui la transporte, et ce, chaque fois qu'elle pénètre dans cet appartement. Un sentiment à son comble lorsqu'elle se trouve dans la chambre. Plus tard, elle apprendra que cet appartement a été témoin d'un crime atroce, le viol d'une jeune fille accompagné de son lot de tortures et de violences, un viol commis par un tueur en série. A l'annonce de cette terrible nouvelle, notre héroïne décide de quitter l'appartement puis, par la suite, tourmentée par "la mémoire des murs", elle va décider de se rendre sur tous les lieux de crime de notre assassin. Mais que cherche-t-elle ? Peu à peu, cette quête aura un impact négatif sur son activité professionnelle mais aussi sur sa santé mentale. Quel lien trouvera-t-elle entre ces meurtres et les évènements qu'elle a vécus avec son ex mari ?
Un roman haletant, entaché toutefois de réflexions sur les sentiments qui m'ont parfois semblé trop pesantes.

Un plaisir solitaire.

La lecture a t-elle un pouvoir subversif ? Alan Bennett soulève la problématique et à travers ce court roman nous offre une démonstration sans équivoque.
La lecture est un plaisir solitaire, dont l'issue se heurte souvent à une absence de partage. La lecture est envahissante, face à elle nos obligations personnelles, familiales deviennent pesantes. En bref, la lecture est une addiction, à nous l'opportunité d'incarner d'autres personnages, à nous le voyeurisme sur ces tranches de vie, à nous un instant le pouvoir de se délester des contingences matérielles d'une vie, parfois trop ordinaire.
Merci à monsieur Bennett pour cet hommage.