vendredi 28 janvier 2011

Mon premier Le Floch

1778, décidément Marie-Antoinette donne du fil à retordre tant au niveau du protocole que de la bienséance. La voici une fois de plus dans un de ces bals masqués à chercher cette flamme absente au château. Une sortie dont elle ne rentre pas "bredouille" puisque le lendemain elle constate s'être fait dérober un bijou. A Versailles, un bijou n'est pas conséquent par son prix mais par son donateur, et le donateur c'est le roi ! Sartine demande donc à Le Floch de résoudre cette affaire épineuse. Bien évidemment, sans en avertir Louis XVI.
Mais d'autres problèmes surgissent, en effet, la Reine nourrit un intérêt dangereux pour des lectures peu recommandables. D'ailleurs qui fournit ces ouvrages à sa Majesté ? Un problème plus grave encore se profile, la Reine porte peut être le futur Dauphin, mais voilà que quelques pamphlets mal avisés mettent le doute sur la légitimité du futur nouveau-né. Ces accusations ajoutées à la perte du bijou, pourraient très certainement mettre l'autrichienne en mauvaise posture d'autant que son mode de vie dispendieux et son manque d'attrait pour les choses de son rang lui valent déjà les remontrances de ses pairs.
Jean-François Parot nous offre ici une enquête d'une extrême finesse et ce, sur fond de pré-révolution. Dans ce roman policier, se succèdent verbe, vocabulaire, tournures de phrases du 18ième s, outre le fond, l'auteur nous offre donc la forme, à tel point que j'ai pu penser parfois, lire un roman historique, ou encore la biographie de Le Floch.
En plus du verbe, l'auteur nourrit son homme. Quelle délectation tout au long de cette aventure, cette ribambelle de mets, aussi délicieux les uns que les autres, nous est offerte avec tant de générosité que bien souvent j'ai partagé ces moments avec notre hôte.

lundi 17 janvier 2011

Détente et culture avec Francis Perrin

Merci à masse-critique qui m'a permis de découvrir ce petit bijou de "roman historique". Je dois en premier lieu avouer mon ignorance : non, je ne savais pas que Francis Perrin outre son métier de comédien, metteur en scène était également un écrivain. C'est d'ailleurs une double joie qui s'offre à moi, puisque je découvre un nouvel écrivain mais également un écrivain talentueux !
Mais pour venir aux faits qui nous intéressent, voici l'histoire qui nous est contée :
Le Févrial surnommé Triboulet est né en 1479 à Blois. C'est un enfant laid, difforme et comble de l'horreur pour cette époque, bossu ! Autant vous avouer que ses parents ne lui montrent pas grande affection mais plutôt coups de bâton, et d'ailleurs bien d'autres se livrent, sur son dos si je puis dire, à ce genre de sévices. Libération, notre jeune victime est recueillie par les moines pendant quelques années, période durant laquelle il s'apercevra qu'il possède en lui une arme imparable contre les vicissitudes de ce monde : le rire.
Triboulet, bouffon ? Et bien, disons que la providence lui permet de croiser la route de Louis XII et de surcroît de lui être plaisant... Alors la grande aventure Triboulet commence. Mais attention être bouffon ne s'improvise pas, il est des vérités qui loin d'amuser mènent au cachot ! Mais, comment éviter ces écueils ? Et bien, croyez-moi le bouffon aussi à besoin d'un tuteur et c'est Le Vernoy qui s'en chargera ! Sous Louis XII, Triboulet assistera à maints évènements : l'union de Louis et d'Anne de Bretagne après le décès prématuré de Charles VIII, la naissance de la reine Claude, les projets d'unions avortés entre la dauphine et le futur Charles Quint, le futur règne de François d'Angoulême (dit François Ier) en gestation, les sautes d'humeur d'Anne de Bretagne, son désir de contrôler la politique du roi et notamment la politique matrimoniale, son sacre en tant que Reine de France en 1504, la haine du Pape Jules II pour la France et sa décision d'excommunier Louis XII...
Ce n'est bien sûr pas une liste exhaustive mais c'est l'aperçu d'un règne bien rempli. Notre cher Triboulet va exceller dans la farce, la vérité dite à pleins mots mais sous couvert du rire .... Une bien bonne arme que possède ce Triboulet qui siège au conseil sur des coussins et est sollicité sur des sujets bien épineux. Une rencontre le marquera, celle de Machiavel qui plus tard lui enverra personnellement une impression de son oeuvre : Le Prince.
A la mort de Louis XII, Triboulet devient le fou de François Ier, il faut dire que François il le connaît depuis fort longtemps, d'ailleurs il l'appelle mon cousin. Mais attention le "père des lettres" n'est pas le "père du peuple", autant Louis XII aimait farces et plaisanteries jouées dans tout le royaume, autant François Ier donne le monopole de cette folie à notre bouffon. C'est au cours du règne de ce roi beau, grand, racé comme le dit Triboulet, que notre personnage fera la rencontre d'Erasme, de Rabelais ou bien encore de Léonard de Vinci qui d'ailleurs pour ce dernier demeurera à la fin de ses jours près du roi, au manoir de Choux devenant au XVIIe le Clos Lucé. François Ier c'est la Renaissance : les peintures, la culture, l'art .... Ses batailles pour obtenir Milan ou encore Naples lui vaudront à terme les foudres de Charles Quint et son enjôlement dans une prison d'Espagne... Mais que sont quelques privations face à ce déferlement d'art sur la France ?
Vous en dire plus serait déplacé, en outre j'ai été beaucoup trop loquace sur le sujet ....
Triboulet restaure l'image écornée du bouffon royal. Il en fallait de l'esprit, de la mesure, de la culture, et de l'auto-dérision pour endosser ce costume sans se brûler les ailes !
Alors merci à Francis Perrin pour cet ouvrage d'une fluidité incomparable, merci de m'avoir permis de traverser ces deux règnes dans le costume d'un bouffon !

jeudi 13 janvier 2011

LEVIATHAN. BORIS AKOUNINE

1878, Paris, la Police découvre dix cadavres dans un hôtel particulier, rue de Grenelle.

Dans les mains d'une des victimes, un insigne en or exclusivement réservé aux passagers de première classe du paquebot Léviathan à destination de Calcutta. Cet insigne est-il une piste? Sans aucun doute ! Appartient-il à l'auteur des crimes? Mais quelle question !

Le commissaire Gauche, en charge de l'enquête, se rend sur le Paquebot afin de démasquer "celui" qui n'a plus son insigne. Mais voilà, ils sont nombreux à l'avoir perdu, l'affaire se complique pour notre enquêteur, et ce d'autant plus que parmi les suspects figure notre cher Eraste Fandorine...

Quel polar ! D'abord des références précises à la criminalistique. Au début du polar, Akounine ne manque pas d'aborder les différentes avancées de la science criminelle au tournant du 19ième s telle que la théorie de Bertillon ou encore celle des empreintes, qui n'est pas recevable dans les tribunaux à cette époque parce que pas assez probante. C'est ensuite la pensée de Lombroso, théorie du criminel né, en effet certains individus disposent d'un état dangereux et de surcroît cet état de violeur, menteur, voleur transpire sur leur visage. Au début du bouquin, j'ai eu l'impression de me replonger dans l'exposition crime et châtiment au musée d'Orsay, de revoir ces masques de Degas épousant la théorie criminelle positiviste ! Quel plaisir !

Notre auteur, nous donne aussi un cours de droit pénal, notamment en ce qui concerne l'application dans l'espace de la loi pénale. Et nous rappelle en quelque sorte, que pour le droit pénal français, il est coutumier que le principe de territorialité s'applique.

Outre cet aspect culturel, l'aventure du Léviathan nous offre un duo commissaire Gauche - Eraste Fandorine, qui m'a rappelé avec plaisir le couple Inspecteur Japp - Hercule Poirot dans ses côtés ludiques, mais pour ses côtés plus sombres et calculateur, ce duo épouse le couple Inspecteur Lestrade - Sherlock Holmes. Des duos docteur Jekyll and mister Hyde.... Mais qu'est ce là, et bien à vous de le découvrir !

Enfin que de rebondissements dans cette affaire, c'est un feu d'artifice de dénouements, de chutes et jusqu'à la dernière page !

Lisez-le !!!

mercredi 5 janvier 2011

Firmin : un livre à dévorer !


Connaissez vous l'expression dévorer un livre ? Et bien avec Firmin, j'ai pu découvrir son interprétation concrète.

Firmin est un petit rongeur, un rat plus précisément. Né d'une mère de faible vertu et de surcroît alcoolique, et partageant les tétines avec des frères et soeurs ne présentant que peu d'intérêt, Firmin, pour s'alimenter va découvrir les vertus du papier.

Notre petit rat, résidant dans une librairie, va pouvoir éteindre sa faim sans aucune limite. Mais après le ventre, Firmin va tenter d'apaiser son esprit qui, lui aussi cri famine ! Et voilà notre rat se découvrant une passion pour la littérature.

Au cours de son aventure, Firmin fera la connaissance d'un écrivain qui le prendra sous son aile. D'ailleurs Jerry est peut-être le seul à considérer ce rat comme un être doté de qualités. Une amitié que S Savage nous fait partager dans ce roman. Mais le quartier dans lequel Firmin réside va bientôt disparaître, des promoteurs immobiliers ont d'autres projets que des librairies fourre-tout ou des appartements miteux.

Après la lecture de Firmin, je ne verrai peut-être pas les rats de la même façon. J'ai eu l'impression d'être dans la peau de ce pauvre rongeur, auquel il ne manque que la parole. Un rat qui se sent plus proche des humains que de ses congénères, et qui a pour priorité absolue de nourrir son esprit. Un hommage certains aux écrivains et à la littérature et surtout la beauté d' un message. Même s'il ne peut communiquer les émotions qu'il puise dans les ouvrages qu'il dévore, Firmin n'abandonne pas pour autant. Toutefois cette absence de parole lui fait défaut et, ce à tel point qu'il apprend quelques bribes de phrases en langage des signes.

En bref, un roman qui se lit d'une traite, une aventure dans laquelle on se surprend souvent à rire, pleurer ou rager et tout ça pour la vie d'un rat !