samedi 3 mars 2012

A qui veut connaître l'histoire de l'ancien régime et découvrir la beauté de notre langue, lisez Simone Bertière.

Une fois de plus Simone Bertière m'a transportée. Outre ses talents de biographe, notre historienne manie la langue française comme peu d'écrivains. Syntaxe parfaite, vocabulaire riche, bons mots, humour, notre historienne sert l'histoire de France en l'épurant de ses complexités. En bref, son amour de la langue nous réconcilie avec les ouvrages historiques souffrant si souvent de lourdeurs et anecdotes poussiéreuses. Les pages s'enchaînent et me voici propulsée au temps des Bourbons. Je suis Henri IV, Marie de Médicis, Louis XIII, Richelieu, Gaston d'Orléans, Anne d'Autriche, Mazarin ou bien encore le très jeune Louis XIV ! Souvent Marie de Médicis m'ulcère par son amour maternel inexistant, son esprit calculateur, sa soif de pouvoir, son côté parvenu, et alors je comprends Louis XIII, sa méfiance, son manque d'égards pour le "sexe faible", notamment pour Anne d'Autriche. Puis je souffre de la disgrâce de Marie, celle que les Pays Bas, l'Italie ou encore l'Angleterre se rejettent, celle qui n'a pas lâché prise suffisamment tôt, qui n'a pas compris qu'une fois le roi majeur et apte à gouverner, la Reine mère doit se retirer. Peut-être que son sacre l'a induite en erreur, Anne d'Autriche n'aura pas cette déconvenue, de sacre elle n'en aura pas.
Enfin je suis charmée par Anne d'Autriche, sa candeur, sa loyauté, l'amour qu'elle porte à son Roi. Elle se retirera de la régence avec élégance, et même si Louis XIV l'évincera de toute charge politique jamais elle ne lui fera l'affront de le désavouer en public.
En bref, Simone Bertière nous dresse le portrait de deux femmes emblématiques d'une intelligence notoire. Leur point commun : toutes deux furent régentes, toutes deux durent jouer avec un ministre intelligent et castrateur : Richelieu pour Marie de Médicis et Mazarin pour Anne d'Autriche, toutes deux durent au cours de leur règne affronter une crise majeure : journée de dupes pour une (Marie de Médicis sera désavouée par Louis XIII qui lui préfèrera son Ministre), et la Fronde pour Anne d'Autriche. D'ailleurs, la décision de Louis XIV de gouverner seul sans prendre de Ministre et d'évincer la reine Marie-Thérèse de toute décision politique n'est-il pas la réponse qu'il apporte aux écueils du passé ?

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