
Merci à masse-critique qui m'a permis de découvrir ce petit bijou de  "roman historique". Je dois en premier lieu avouer mon ignorance : non,  je ne savais pas que Francis Perrin outre son métier de comédien,  metteur en scène était également un écrivain. C'est d'ailleurs une  double joie qui s'offre à moi, puisque je découvre un nouvel écrivain  mais également un écrivain talentueux !
Mais pour venir aux faits qui nous intéressent, voici l'histoire qui nous est contée :
Le Févrial surnommé Triboulet est né en 1479 à Blois. C'est un enfant  laid, difforme et comble de l'horreur pour cette époque, bossu ! Autant  vous avouer que ses parents ne lui montrent pas grande affection mais  plutôt coups de bâton, et d'ailleurs bien d'autres se livrent, sur son  dos si je puis dire, à ce genre de sévices. Libération, notre jeune  victime est recueillie par les moines pendant quelques années, période  durant laquelle il s'apercevra qu'il possède en lui une arme imparable  contre les vicissitudes de ce monde : le rire.
Triboulet, bouffon ? Et bien, disons que la providence lui permet de  croiser la route de Louis XII et de surcroît de lui être plaisant...  Alors la grande aventure Triboulet commence. Mais attention être bouffon  ne s'improvise pas, il est des vérités qui loin d'amuser mènent au  cachot ! Mais, comment éviter ces écueils ? Et bien, croyez-moi le  bouffon aussi à besoin d'un tuteur et c'est Le Vernoy qui s'en chargera !  Sous Louis XII, Triboulet assistera à maints évènements : l'union de  Louis et d'Anne de Bretagne après le décès prématuré de Charles VIII, la  naissance de la reine Claude, les projets d'unions avortés entre la  dauphine et le futur Charles Quint, le futur règne de François  d'Angoulême (dit François Ier) en gestation, les sautes d'humeur d'Anne  de Bretagne, son désir de contrôler la politique du roi et notamment la  politique matrimoniale, son sacre en tant que Reine de France en 1504,  la haine du Pape Jules II pour la France et sa décision d'excommunier  Louis XII...
Ce n'est bien sûr pas une liste exhaustive mais c'est l'aperçu d'un  règne bien rempli. Notre cher Triboulet va exceller dans la farce, la  vérité dite à pleins mots mais sous couvert du rire .... Une bien bonne  arme que possède ce Triboulet qui siège au conseil sur des coussins et  est sollicité sur des sujets bien épineux. Une rencontre le marquera, celle de Machiavel qui plus tard lui enverra personnellement une impression de son oeuvre : Le Prince.
A la mort de Louis XII, Triboulet devient le fou de François Ier, il  faut dire que François il le connaît depuis fort longtemps, d'ailleurs  il l'appelle mon cousin. Mais attention le "père des lettres" n'est pas  le "père du peuple", autant Louis XII aimait farces et plaisanteries  jouées dans tout le royaume, autant François Ier donne le monopole de  cette folie à notre bouffon. C'est au cours du règne de ce roi beau,  grand, racé comme le dit Triboulet, que notre personnage fera la  rencontre d'Erasme, de Rabelais ou bien encore de Léonard de Vinci qui  d'ailleurs pour ce dernier demeurera à la fin de ses jours près du roi,  au manoir de Choux devenant au XVIIe le Clos Lucé. François Ier c'est la  Renaissance : les peintures, la culture, l'art .... Ses batailles pour  obtenir Milan ou encore Naples lui vaudront à terme les foudres de  Charles Quint et son enjôlement dans une prison d'Espagne... Mais que  sont quelques privations face à ce déferlement d'art sur la France ?
Vous en dire plus serait déplacé, en outre j'ai été beaucoup trop loquace sur le sujet ....
Triboulet  restaure l'image écornée du bouffon royal. Il en fallait de  l'esprit, de la mesure, de la culture, et de l'auto-dérision pour  endosser ce costume sans se brûler les ailes !
Alors merci à Francis Perrin pour cet ouvrage d'une fluidité  incomparable, merci de m'avoir permis de traverser ces deux règnes dans  le costume d'un bouffon !